“Bon vent, King !” : témoignage d’un fan floridien suite au départ de LeBron James

Le 12 juil. 2014 à 16:23 par Nicolas Meichel

Comme chacun d’entre vous, j’ai attendu, patiemment, la nouvelle décision de LeBron James, quasiment quatre ans jour pour jour après « THE DECISION ». Elle est tombée hier soir, un peu après 18h chez nous. Je n’étais même pas devant Twitter, Facebook ou ESPN comme j’en avais pris l’habitude ces derniers jours. Occupé, je n’avais que mon portable comme source d’informations. Ce dernier s’est mis à vibrer dans tous les sens, et c’est à ce moment là que j’ai su que quelque chose s’était passé : « LBJ à Cleveland, c’est officiel !! » et autres messages de ce genre remplissaient ma boite de réception. En tant que fan du Heat et plus particulièrement de Dwyane Wade, j’étais comme choqué, abasourdi. Jamais je n’aurais cru que LeBron James allait retourner dans son état natal de l’Ohio. Pas après la lettre de Dan Gilbert, pas après les maillots brulés…Pourtant, je n’avais pas rêvé, les mots « I’m coming home » étaient bien réels.

14-lebron-chalk-throw-celebration-321x587Alors forcément, vous allez vous dire que je suis comme la quasi-totalité des fans floridiens, logiquement déçus par le départ de LeBron James. Perdre le meilleur joueur du monde est forcément cruel, surtout après les quatre incroyables années qu’il m’a offertes depuis 2010. Effectivement, je l’avoue, c’est difficile. J’ai d’ailleurs encore du mal à réaliser que la présence de LeBron James sous l’uniforme du Heat nuit après nuit fait désormais partie du passé. Mais ce n’est pas le sentiment qui prédomine chez moi au moment où j’écris ces quelques lignes. La déception de voir LeBron quitter Miami n’arrive pas à rivaliser avec l’émotion que je ressens actuellement en le voyant revenir dans l’Ohio, là où tout a commencé pour lui. Il y’a un peu plus d’une décennie, j’avais découvert ce joueur qui était déjà comparé à Michael Jordan, alors qu’il n’était encore qu’un gamin. Je l’ai vu évoluer et grandir au fil des années, sous le maillot des Cleveland Cavaliers. Et c’était juste exceptionnel à voir. La relation entre LeBron et Cleveland était tout simplement magique. Le “chalk toss”, le public de la Q-Arena sous le charme de son héros et de ses exploits, bref, j’en ai des frissons rien qu’en l’écrivant. Alors vous comprendrez bien que ce comeback est pour moi quelque chose dont je voulais être témoin. Parce que je pense que cela dépasse le cadre du sport. Entre amour, haine, succès et déceptions, l’histoire de LeBron est unique, digne d’un film hollywoodien. Et elle pourrait prendre une ampleur encore plus incroyable si le King arrivait à apporter un titre à Cleveland (bon là il y’a du boulot…) dans les années qui viennent. Parce que bon, faut quand même pas oublier que cette ville est terrorisée par son passé sportif. Cela fait maintenant un demi-siècle que Cleveland attend un titre dans l’un des quatre sports majeurs américains. Depuis 1964 et le titre des Browns en NFL (football américain), la ville a vécu un nombre incroyable de déceptions sportives. Et « The Decision » était la dernière en date. Comme moi, vous avez sûrement ces images de fans brûlant son maillot en tête. Mais personnellement, je pense qu’il faut éviter de mettre une étiquette sur les supporters des Cavaliers en pensant qu’ils retournent leurs vestes sans aucune fierté pour « pardonner » LeBron. Cleveland est probablement l’une des meilleures villes sportives aux Etats-Unis, avec des fans complètement fous de leurs équipes locales. Quand James est parti, certains d’entre eux ont compris sa décision, même s’ils ont détesté, à juste titre d’ailleurs, le show télévisé d’ESPN. Ceux là méritent de voir LeBron revenir à la maison, car à l’époque, ils n’avaient pas oublié ce qu’il avait apporté à la ville, sur le plan sportif, financier et symbolique.

Sans titreMalgré les très belles années de James en Floride, je l’ai toujours perçu comme un mec d’Akron, Ohio (c’est d’ailleurs pour cela que mon premier maillot du King est celui de St-Vincent St-Mary High School…true story). Et c’est exactement comme cela que LeBron se considère. On est tous attaché à nos racines, on sait ce que c’est. On connait ces émotions ressenties quand on est sur les terres de notre enfance, là où on a grandi, là où on a découvert le monde en quelque sorte, avec ses amis et sa famille. « Home Is Home » comme on dit. Rien n’est égal à cela. Ni même South Beach, le soleil, la plage ou Dwyane Wade… En revenant chez lui, LeBron James vient de mettre fin à quatre années en Floride, quatre saisons où il aura remporté deux titres de champion NBA, et deux titres de MVP en plus. Durant cette période là, j’ai pu véritablement découvrir le personnage LeBron, et tout ce qui l’entoure. Évidemment, je l’ai vu réaliser des performances exceptionnelles, mais cela va bien plus loin que le sportif. De juillet 2010 à juillet 2014, j’ai surtout vu un homme qui a radicalement mûri, sur et en dehors du terrain, notamment grâce à Pat Riley et Dwyane Wade. Bien entendu, je ne le connais pas personnellement, mais certains signes ne trompent pas. Et le dernier signe est cette lettre que Sports Illustrated (SI) a publiée hier soir. Cette lettre, c’est le symbole de cette maturité. Contrairement à « The Decision » qui avait montré LeBron comme un être égoïste, un peu arrogant et sans scrupule (ce qu’il n’a jamais été), le papier de SI a montré un homme responsable, humble, lucide, conscient de son influence sur les jeunes et très reconnaissant envers le Miami Heat. Et l’organisation de Micky Arison lui a d’ailleurs déjà renvoyé l’ascenseur, par intermédiaire de ce dernier et de Pat Riley. J’entends déjà que certains Floridiens brûlent son maillot ou jettent des pierres sur son portrait. S’il vous plait, ignorez-les, c’est le même genre de fans qui existait à Cleveland en 2010, et qui ont la mémoire courte, très courte. Je vois également sur les réseaux sociaux de nombreuses moqueries concernant les supporters du Heat, qui auraient soudainement disparu depuis le départ de James. C’était prévisible, mais personnellement, je ne me sens pas concerné, tout simplement car je considèrerais toujours le Heat comme la franchise de Dwyane Wade. Cependant, je suis conscient que LeBron a été, durant ces quatre formidables saisons, le meilleur joueur de la franchise. Il a porté Miami sur ses larges épaules, et a été la raison pour laquelle le Heat possède aujourd’hui deux bannières de plus au sommet de l’American Airlines Arena. Tout n’a pas été facile, et je me souviens encore de cette horrible défaite en Finale contre Dallas en juin 2011. Mais depuis, j’ai vu un joueur changer son approche du jeu, changer de mentalité, pour finalement devenir le champion qu’il est aujourd’hui. Et je suis heureux d’avoir été témoin de cela.

Il y’a maintenant deux semaines, j’avais exposé objectivement les cinq raisons pour lesquelles LeBron James devait rester à Miami. Ces raisons, il les connaissait sûrement, mais il a décidé de prendre une autre route, sa route. Et bizarrement, j’ai aujourd’hui encore plus d’estime pour James qu’auparavant. Parce que prendre un tel challenge, avec la pression qui va avec, ça impose le respect, surtout que le Heat restait la meilleure solution selon moi. Alors oui, LeBron et Miami, c’est maintenant terminé. Mais merci pour tout, et surtout continue d’écrire ta légende, King !

Cet article est écrit par un membre de la rédaction TrashTalk. Entièrement personnel, il reflète donc sa propre position sur le sujet, et non celle d’un groupe entier.


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