Playoffs Revival : Bulls – Suns 1993, le ThreePeat dans un choc de titans

Le 20 juin 2014 à 16:07 par David Carroz

Source image : Clutch-23

La saison régulière, c’est sympa, les matchs se multiplient, mais on ne regarde plus que d’un œil discret ces rencontres sans véritable enjeu. Entre les joueurs mis au repos, les coaches qui testent des rotations et les équipes qui tankent, difficile de vibrer avec intensité. Pour vous aider à patienter, petits retours sur les grands moments de l’histoire des Playoffs. Parce que c’est à cette période de la saison que les légendes naissent et que les fauves sortent les crocs. 

Pour cette date anniversaire du premier Three-Peat des Bulls, revenons sur les Finales qui ont opposé Phoenix à Chicago. Le choc entre un Barkley MVP de la saison régulière et un Michael Jordan au sommet de son art, mais pas seulement. Car les effectifs qui les entouraient avaient aussi le talent nécessaire pour les soutenir et proposer un énorme choc. Kevin Johnson, Dan Majerle, Danny Ainge chez les Suns, Scottie Pippen, Horace Grant et B.J Armstrong pour la franchise de l’Illinois. Pour ne citer qu’eux. Remember.

Le contexte – les Suns rêvent de détrôner les Bulls

L’inimaginable se produit. Après deux campagnes victorieuses en NBA ainsi qu’un titre olympique à l’été 1992 avec la Dream Team, la domination de Michael Jordan commence à lasser. Bien sûr, il reste l’un (le ?) des athlètes les plus gracieux à voir jouer, doublé d’un compétiteur unique. Mais la saison régulière des Phoenix Suns (62-20), emmenés par le tout frais MVP Charles Barkley, donne des envies de changement. Et si Sir Charles devenait le roi à la place de sa Majesté, Air Jordan ?

Il faut dire que réaliser le Three-Peat, le pari des Bulls en 1993, est une tâche ardue. Si les dynasties marquent l’Histoire et font rêver, les gens aiment le changement. Une domination sans partage et vous devenez l’équipe à abattre, non seulement pour les autres franchises mais aussi pour les fans. Sans oublier la lassitude, la fatigue psychologique et le relâchement qu’un doublé peut déjà entrainer. Difficile d’être toujours motivé. La saison des Bulls est mitigée, puisqu’après avoir remporté 61 matchs en 1991 et 67 en 1992, ils ne finissent même pas en tête de la Conférence Est, se contenant de 57 victoires, 3 de moins que les Knicks.

Mais comme dit un peu plus haut, ce sont les Suns qui impressionnent le plus, dans le sillage d’un Charles Barkley et drivés par un tout jeune coach, Paul Westphal. Mais Sir Charles n’était pas seul. Car si son arrivée à l’été 92 a donné un coup de boost énorme à la franchise, l’effectif a déjà fière allure avant cela. Kevin Johnson, Dan Majerle, Tom Chambers, Danny Ainge… La base est déjà solide et prometteuse. Barkley en est persuadé, la destinée de sa nouvelle équipe est toute tracée. Ainsi, après avoir dominé les Lakers (3-2), les Spurs (4-2) et les Sonics (4-3), ils peuvent affronter le champion en titre, avec l’avantage – non négligeable – de présenter un meilleur bilan que les Bulls et donc de pouvoir commencer et finir la série dans l’Arizona.

En Playoffs, le parcours des Bulls a été plus aisé, prouvant que lorsque cela compte, la faim de victoire est toujours présente dans ce groupe. Toujours épaulé par son lieutenant Scottie Pippen mais aussi par des role players parfaitement intégrés aux systèmes de Phil Jackson (B.J. Armstrong, Horace Grant, John Paxson, Bill Cartwright), Michael Jordan ne doute pas des capacités de son équipe à rentrer dans l’histoire en réussissant le triplé. Chicago balaie ainsi Atlanta (3-0), Cleveland (4-0), luttant à peine plus contre New York (4-2), bien que l’avantage du terrain soit aux Knicks.

Place au choc entre les deux amis et derniers MVP de la saison régulière.

Bulls - Suns

Source : AMann pour TrashTalk

La performance – Michael jordan vs Charles Barkley

La série qui sera l’une des plus belles de l’histoire des Playoffs commence dans l’Arizona. Les Suns se sont battus pour avoir l’avantage du terrain toute la saison, ils espèrent bien en profiter pour prendre un départ canon et faire douter les Bulls. Mais au lieu de ça, Chicago va s’imposer lors des deux premiers matchs à Phoenix, 100-92 puis 111-108, guidé par un Jordan qui monte en puissance (31 points, 7 rebonds, 5 passes et 5 interceptions, puis 42 points, 12 rebonds, 9 passes), ce-dernier bien épaulé par ses lieutenants (triple double pour Pippen 15 points, 12 rebonds, 12 passes lors du Game 2). Chez les Suns, Barkley est trop seul (42 points, 13 rebonds lors du deuxième match), Kevin Johnson étant complètement paumé au début de la série (seulement 8 passes pour 9 pertes de balle sur l’ensemble des 2 premiers matchs).

Mais l’air de l’Illinois lui réussit mieux, ainsi qu’à l’ensemble de l’équipe, puisque les Suns vont remporter le Game 3 à Chicago. S’il continue à perdre beaucoup de balles (7), le meneur redevient une vraie menace offensive, comme en attestent ses 9 passes et 25 points. Barkley continue de faire le taf (24 points 19 rebonds) et tous les starters finissent en double figure, tout comme Danny Ainge et Tom Chambers en sortie de banc. Ce sont d’ailleurs les remplaçants qui vont la différence dans ce match, puisque le banc des Suns apporte 24 points, quand celui des Bulls n’en score que 9. Jordan, quant à lui, marque encore plus de 40 points (44 exactement, plus 9 rebonds et 6 passes), Scottie Pippen est proche de son second triple-double consécutif (26 points, 10 rebonds et 9 passes), le tout pendant qu’Horace Grant récupère 17 rebonds avant d’être sorti pour 6 fautes dans ce match épique à triple prolongation.

“Ce fut le plus grand match de basket auquel j’ai participé”. – Charles Barkley, à l’issue du Game 3 des Finales 1993.

Vexés, les Chicagoans reprennent leur marche en avant lors du match 4. Si Charles Barkley sort un match de mammouth (triple double avec 32 points, 12 rebonds et 10 passes), Michael Jordan est intouchable, fort de 55 points à 57% de réussite. Les Bulls ont de nouveau deux victoires d’avance et se retrouvent à un match du titre. Mais les Suns ne vont pas se laisser faire, ils comptent bien retourner sous leur soleil de l’Arizona pour remporter cette finale. Lors du Game 5, ils s’imposent une nouvelle fois au Chicago Stadium, malgré une nouvelle performance magistrale de Jordan (41 points, 7 passes, 7 rebonds). Mais il est trop seul pour répondre à Charles Barkley (24 points, 6 passes, 6 rebonds), Kevin Johnson (25 points, 8 passes), Dan Majerle (11 points, 12 rebonds, 7 passes), et au rookie Richard Dumas (25 points à 12/14). En effet, seuls Pippen (22 points) et John Paxson (12 points) dépassent la barre des 10 unités au scoring.

Gonflés à bloc, les coéquipiers de Sir Charles croient de nouveau au titre. Leur franchise player annonce même que les Bulls ne gagneront plus de match à Phoenix. Il vaudrait mieux pour lui, car sinon le titre échappera aux Suns. Tout faux. Chicago s’impose ainsi pour la troisième fois consécutive dans l’Arizona, d’un petit point, grâce à une ogive de John Paxson à 5 secondes de la fin du match, suivie d’un contre d’Horace Grant sur Kevin Johnson. Les “Jordanaires” se sont mis au niveau pour offrir la victoire à leur leader. Les Bulls réussissent l’exploit de remporter un troisième titre consécutif, Jordan est de nouveau MVP. Ses stats sur la série ? 41 points à 51%, 8,5 rebonds, 6,3 passes et 1,7 interception. Même Charles Barkley, pourtant au sommet de son basket (27,3 points à 48%, 13 rebonds, 5,5 passes et 1,2 interception) doit se rentre à l’évidence : MJ est trop fort. L’étreinte entre les deux joueurs de la Dream Team à la fin du Game 6 témoigne du respect mutuel entre ces deux amis et basketteurs de génie qui viennent de nous offrir un duel dantesque, bien accompagnés par leur armée respective.

La suite – retraite pour Jordan

Cette finale marque la fin de la première “ère Jordan” en NBA. MJ quittera le basket pour le baseball cette année-là, après la mort de son père. Il effectuera son grand retour deux années plus tard, histoire de réaffirmer sa domination sur la Ligue. Charles Barkley de son côté n’aura plus jamais la même occasion de remporter un titre, faisant partie de ces nombreux grands joueurs, privés de bague NBA.