Après les Celtics, les Lakers et les Bulls, les San Antonio Spurs sont-ils la dynastie de notre époque ?

Le 17 juin 2014 à 14:27 par Nicolas Meichel

Après leur victoire face au Miami Heat en Finales NBA, les San Antonio Spurs ont décroché leur 5è titre en l’espace de 17 ans. Depuis 1997, les Spurs ont fait preuve d’une régularité exceptionnelle au plus haut niveau. Mais peut-on vraiment les considérer comme la dernière grande dynastie de notre sport ?

Les Spurs, le modèle à suivre

 

Les San Antonio Spurs sont devenus, au fur et à mesure des années, synonymes de l’excellence en NBA. Que ce soit sur le terrain, dans les coulisses, dans la gestion et dans l’organisation, cette franchise est le modèle à suivre. Et cela ne vaut pas uniquement pour le basket, mais pour tous les sports américains. Parce que dans le sport US, il est toujours difficile de rester très compétitif plusieurs années d’affilée. Cette stabilité, cette constance, c’est rare, très rare. Et cela dure depuis 1997, date d’arrivée de Tim Duncan et Gregg Popovich, deux phénomènes représentant la véritable base de travail de la franchise. En 17 ans, le bilan des Spurs est tout bonnement exceptionnel : 17 saisons jouées, 17 saisons à plus de 60% de victoires en saison régulière, 17 campagnes de PlayOffs, 6 Finales NBA pour 5 titres. Depuis Michael Jordan et ses Bulls, on n’avait pas vu une équipe être aussi dominatrice si longtemps. Alors oui, on peut parler des Lakers de Shaq et Kobe qui ont réalisé un « Three-Peat » en mode rouleau compresseur, mais leur domination n’a même pas duré une décennie. Los Angeles gagnera bien deux autres titres en 2009 et 2010, mais la franchise californienne a d’abord du passer par un nouveau processus de reconstruction, axé sur Kobe Bryant. Ensuite nous avons le Heat, adversaire des Spurs durant ces Finales 2014. Depuis le regroupement des “Three Amigos” en 2010, Miami a joué quatre finales pour deux titres NBA. Leur bilan est exceptionnel mais les interrogations concernant la longévité de cette équipe se multiplient. Des joueurs sont en fin de cycle, d’autres risquent de partir, bref, l’été s’annonce mouvementé sous le soleil floridien. En résumé, on peut dire que toutes ces équipes là ont marqué la ligue de leur empreinte, mais qu’aucune d’entre elles ne peut rivaliser avec la régularité, la stabilité et les résultats sportifs de San Antonio.

La régularité des Spurs en un tableau. Source : basketreference

La régularité des Spurs en un tableau. Source : basketreference

Qu’est ce qu’une dynastie ?

 

imageDans les jours qui viennent, on entendra beaucoup parler du terme « dynastie », souvent utilisé dans les sports américains. Mais que signifie t-il véritablement ? C’est une notion qui reste assez floue dans le sens où certains ont tendance à la mettre à toutes les sauces. Une dynastie dans les sports américains correspond à la domination d’une équipe sur la ligue durant une longue période. Evidemment, des précisions sont à apporter. Qu’entend t-on par « domination » ? Que signifie « longue période » ? Selon chacun d’entre nous, la définition change forcément. Mais pour parler de dynastie, il y’a un dénominateur commun. Il faut bien entendu remporter des titres, mais il faut également rester une équipe compétitive capable de gagner chaque année, et ce sur une période atteignant quasiment la décennie. Parce qu’une dynastie, ce n’est pas sur trois ans, ce n’est pas sur cinq ans, non, c’est au moins sur huit, neuf, dix ans. C’est pour cela qu’il y a beaucoup moins de dynasties dans l’histoire de la NBA que l’opinion publique ne le pense. On peut en distinguer trois qui sont indiscutables : les Boston Celtics de Bill Russell, les Los Angeles Lakers de Magic Johnson, et les Chicago Bulls de Michael Jordan. Chacune de ces équipes là a incontestablement dominé sa période. Les Celtics de Russell et de coach Red Auerbach ont remporté 11 titres NBA en 13 ans entre 1957 et 1969, ce qui est juste inégalable aujourd’hui, même si évidemment l’absence de concurrence à l’époque y est aussi pour quelque chose. Les Lakers “Showtime” de Magic Johnson et Kareem Abdul-Jabbar ont dominé comme rarement, avec pas moins de 9 finales NBA jouées entre 1980 et 1991, pour 5 titres de champion. Enfin, les Bulls de Michael Jordan, Scottie Pippen et Phil Jackson ont écrasé les années 1990 avec 6 titres NBA, dont deux « Three-Peat ». Derrière ces trois là, les Lakers de Shaquille O’Neal et Kobe Bryant peuvent également rentrer dans la discussion. Entre 1996 et 2004, Los Angeles a joué 8 campagnes de PlayOffs, pour 4 Finales NBA et 3 titres. Leur bilan est flatteur, même si en fin de compte, leur période de domination a été relativement courte.

Une condition sine qua non : remporter plusieurs titres consécutifs

 

magicMais alors où se situent les Spurs ? Si l’on se réfère aux critères exposés plus haut, les Spurs sont incontestablement une dynastie. Il y’a les titres, l’incroyable longévité et l’excellence au plus haut niveau. Mais il y’a un élément qui a volontairement été oublié, car c’est sans doute celui qui fait la différence, et que San Antonio n’a pas : les titres consécutifs. On le dit souvent, défendre son titre est la chose la plus difficile à réaliser en sport. Pourquoi ? Parce que tout le monde veut votre peau, parce que les attentes sont plus élevées, et parce que la motivation en prend souvent un coup. Réaliser un « back-to-back » ou un « Three Peat » vous met dans une catégorie supérieure. Cela prouve que non seulement vous avez réussi à défendre ce qui vous appartient, mais cela prouve également que vous avez en vous cette volonté, cette hargne et cette capacité à atteindre le top alors que vous y êtes déjà. Cela n’est pas donné à tout le monde. Réussir à gagner plusieurs titres de suite ne fait pas d’une franchise une dynastie, mais c’est une condition sine qua non pour qu’elle soit considérée comme telle. Et cela, San Antonio ne l’a jamais réalisé. En 2000, les Spurs sont champions en titre mais échouent au premier tour. En 2004, San Antonio se fait sortir en demi-finales de conférence. En 2006, rebelote. En 2008, c’est en Finales de conférence que ça bloque. Jamais ils n’auront réussi à défendre leur couronne. Rassurez vous, cela ne remet pas en cause leur incroyable parcours, mais c’est simplement la raison pour laquelle il est difficile de considérer les Spurs comme une dynastie. Que ce soient les Celtics de Russell, les Lakers de Magic, les Bulls de MJ et même les Lakers de Shaq et Kobe, ils ont tous réussi à remporter plusieurs titres consécutifs. C’est la seule et unique chose qui manque à la franchise texane pour devenir la quatrième plus grande dynastie de l’histoire de la NBA.

La saison 2014-2015 représente donc un tournant pour San Antonio. Popovich sera toujours là, le Big Three des Spurs devrait être de retour, et le petit Kawhi Leonard, tout juste MVP des Finales, ne va que continuer son incroyable ascension. Cela fait des années qu’on pense que San Antonio est en fin de cycle, et cela fait des années qu’ils nous font mentir. Maintenant, il faut remporter ce « back-to-back », et on ne peut que leur souhaiter bonne chance tellement cette franchise représente à merveille les valeurs du basket.


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