Et si vous deviez définir le basket en une seule action, ce serait laquelle dans l’histoire ?

Le 10 juin 2014 à 14:24 par Bastien Fontanieu

L’exercice est impossible à résoudre, on le sait d’avance. Le sport à balle orange pourrait être expliqué avec une centaines de termes différents, un millier de joueurs connus, et des millions de souvenirs. Mais si on devait vraiment définir le basket en une seule action, laquelle choisirions-nous ?

Cela vous est sûrement déjà arrivé. Sur une séquence, un moment totalement inattendu, vous avez vu une équipe ou un joueur réaliser un geste hors du commun, une prouesse qu’on ne peut retrouver nulle part ailleurs. Et c’est à ce moment précis, là, debout, que vous avez clamé haut et fort : voilà, c’est pour ça que j’adore le basket. C’est pour ça que le bruit des godasses qui couinent sur le parquet agace monsieur et madame tout-le-monde, mais qu’il s’agit d’un doux mélange entre Beethoven et Mozart pour notre communauté. C’est pour ça que l’odeur du cuir neuf vous file des frissons, que le moindre plexiglas aperçu dans le train vous donne envie de jouer. Pour l’un, le basket ressemblera à un beau mouvement de balle conclu par un panier. Pour l’autre, un flot d’émotions incontrôlable. Mais si vous rencontriez demain un inconnu qui aimerait découvrir notre sport, que lui montreriez-vous en premier ?

L’émotion, le silence en réponse à l’excellence.

La foule qui explose sur un tir de dernière seconde, les coéquipiers qui n’en reviennent pas après avoir vu une séquence exceptionnelle : pour certains, le basket c’est surtout la communion entre des milliers de fans qui laissent leur corps s’exprimer quand les pupilles ont rencontré une image nouvelle, choquante, inconnue jusque là. Ce sera, par exemple, le dernier tir de Michael Jordan à Utah avec les Bulls. Pourtant, pas de jeu collectif, de volupté aérienne ou d’effort commun sur cette séquence. Il s’agit d’un homme, seul, face à l’Histoire avec une majuscule, dans une arène hostile. Le contexte donc, est ici somptueux et à la fois terrifiant. Moins hostile mais tout aussi épique, le tir de Kobe face aux Suns en 2006, qui aurait même pu faire tomber le toit du Staples Center avec ce coup de tonnerre au buzzer. Encore une fois, action individuelle, mais des émotions plein la gueule. Plutôt fans de cette catégorie ?

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L’humiliation, je t’enterre devant tout le monde.

Le basket, c’est aussi une affaire de domination. Tu es en face de moi, tu veux m’empêcher de marquer, et en plus tu parles. Les égos s’élèvent, la tension monte, le trône est donc réservé à celui qui écrasera son adversaire avec la manière. C’est aussi pour ça que le basket de rue a une influence énorme sur le basket professionnel, c’est parce que ses racines sont mélangées et la détermination reste la même. Des millions de fans ont grandi en adoubant Allen Iverson et son homicide sur Antonio Daniels. Depuis la révolution causée par le lutin en NBA, le moindre joueur qui glisse aujourd’hui sur un parquet finit dans le Top 10. Question de honte, d’humiliation, une part psychologique si importante dans notre sport. Seulement, elle peut se faire aussi bien sur les terres que dans les airs : que penser de Jason Terry, massacré par LeBron James à Boston ? Le pauvre subit un mouvement de balle subtil et finit six pieds sous terre. On pourrait montrer cette vidéo à un inconnu dont le vocabulaire ne contient pas le mot basketball, la probabilité de le choquer serait assez élevée. C’est haut, c’est fort, c’est visuellement choquant : on apprécie.

La totale, la défense qui mène à l’attaque.

Il y a aussi ces actions qui peuvent briser le dos d’un adversaire, quand une défense suffocante les force à se foirer complètement, et quitte à faire les choses à fond un dunk ou un trois points s’en suit en contre-attaque. Temps-mort, popcorn, ralenti, public choqué. Les amateurs de grosse pression sur demi-terrain sont donc servis, avec trois jolis morceaux mémorables. D’abord, Dwyane Wade qui félicite Amare, quand il se donnait à fond en défense tous les soirs et que le Shaq jouait encore à la baballe. Un contre c’est joli, mais on va ajouter un petit tir de l’autre bout du terrain pour bien faciliter le retour vers le banc. Le genre de sentiment que connait bien son bras-droit actuel, LeBron se régalant à Portland sur ce alley-oop de toute beauté. On stoppe votre attaque, on lance la notre, et on fait les gamins comme si c’était une chorégraphie répétée juste avant la rencontre. Retour rapide sur les actions individuelles, puisqu’on ne pouvait pas laisser passer ce bon vieux Ronny Turiaf baptisé par Jeremy Evans. C’est vrai qu’on aurait pu mettre cette action dans la catégorie humiliation mais vu qu’on est sur de la défense et de l’attaque on a tranché. Alors, plutôt fan de ce type de basket ?

L’improvisation, de l’art à l’état pur.

L’avantage avec le basket, c’est que ça se joue avec un ballon. Merci Van Damme. Plus sérieusement, cette phrase signifie qu’en possédant cet objet en main et un plexiglas bien solide, les artistes les plus inspirés peuvent montrer l’étendue de leur talent devant des milliers de fans. Et quand on les voit à l’oeuvre, on reste souvent bouche-bées. L’an passé, c’est Jamal Crawford qui vendait du rêve sur contre-attaque, avec ce alley-oop façon NBA Street Volume 2 pour Blake Griffin. Tout à fait le genre de séquence qu’on retrouve le lendemain sur tous les murs Facebook, même ceux de vos potes qui ne connaissent RIEN à la NBA. Mais vu que c’est spectaculaire, forcément, ça marque. Il y a quelques années, on pouvait aussi profiter des inspirations de Jason Kidd avec Kenyon Martin, qui utilisaient la planche autant que Tim Duncan dans son jardin. Du grand art. Pratiquement au même moment, le All Star Game 2002 s’agenouillait devant une action exceptionnelle signée Tracy McGrady.

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L’harmonie, cinq hommes qui jouent les yeux fermés.

En cinq contre cinq, on essaye tous de l’emporter et encourager ses coéquipiers. Mais des fois, à être trop influencés par les stars qui martèlent les défenses en NBA, on en oublierait presque que notre sport est collectif. L’orgasme créé par James Naismith est donc géré par cinq hommes ou femmes : ensemble, ils ou elles doivent conquérir la raquette adverse en unissant leurs forces. On retrouvera donc beaucoup de commentaires autour des Spurs comme d’habitude, ou bien les Blazers face aux Rockets cette saison, qui proposent des séquences disciplinées et intouchables. La balle circule, sourit, les joueurs s’éclatent. Tout le monde touche le cuir, la défense panique, et comme par hasard, un joueur se retrouve seul pour tirer. Ficelle. Des fois, on peut être 3 au lieu de 5. On peut s’en sortir collectivement, avec quelques gestes précis et une improvisation littéralement géniale. C’est notamment le cas du Heat, qui offrait il y a quelques saisons cette séquence de folie avec Dwyane Wade. Voilà tout à fait le genre d’action qu’on pourrait passer au journal de 20h sur TF1 et qui chatouillerait l’oeil de Michèle et Raymond. Oui, c’est ça aussi le basket. Et c’est même surtout ça.

Le choc, vivre en direct l’imprévu.

Pas de panique, le match va se finir sur le score annoncé. On peut éteindre la télé, on sait déjà ce qui va se passer. Et merde. Reggie Miller, Ray Allen, Kobe et compagnie vivent pour ces gens-là. Ceux qui partent, qui quittent, qui pensent que c’est foutu. Des retournements de situations inespérés, on en a vécu avec ces gars-là. Le premier avait glacé le Garden, le second a massacré le dernier été des Spurs, et Kobe… c’est Kobe. Du coup, on va prendre des actions un peu différentes cette fois-ci et montrer que l’improbable peut être dirigé par n’importe qui, tant que les dieux du basket sont avec eux. N’est-ce pas Tyreke Evans ? Avec cette fin de match renversante, certains ont explosé leur pacemaker et n’ont pas dû trop comprendre le score le lendemain au réveil. Et merde. Encore un peu de Wade tiens, après l’avoir rincé sur les dernières catégories, avec ce comeback incroyable face aux Bulls et un tir de la gagne venu d’une autre planète. La simple réaction de Spoelstra définit ce sport, cette émotion, j’ai bien vu ce que je viens de voir ?! Comment pourrions-nous terminer cette catégorie sans mentionner Jesus, lui qui joue en ce moment les Spurs et attend son heure pour le crucifier à nouveau… Avec ce finish choquant à Charlotte, l’homme qui a probablement tué le plus de fans sur ces 10 dernières années enterre tous ceux présents pour voir leurs Bobcats l’emporter ce soir-là, avant que le destin ne décide du reste.

Cette liste de catégorie est propre à chacun. Elle peut et doit être modifiée, embellie, contestée, afin de mieux définir ce qu’est le basket dans toute sa splendeur. En fonction de nos parcours, de nos expériences, on finit en joie ou en larmes devant certaines séquences. Mais la vraie question, à nouveau nous vous la posons : et si vous deviez proposer un résumé de notre sport, ce serait avec quelle action ?

Source image : FanSided


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