Chris Paul, l’heure de vérité

Le 21 avr. 2014 à 22:29 par Nicolas Meichel

On dit souvent que les légendes s’écrivent en PlayOffs. Oui, c’est vrai, c’est lors de ces séries éliminatoires, de ces matchs au couteau, que l’on voit réellement de quoi est fait un joueur NBA. Malheureusement, le fan NBA lambda n’est que rarement dans la demi-mesure. Soit vous gagnez, et vous êtes un winner, soit vous ne gagnez rien, et vous êtes considéré comme un moins que rien incapable de se transcender dans les moments les plus importants d’une saison. C’est ce que subit actuellement Chris Paul, sans doute le meilleur meneur de la ligue, mais qui souffre de cette réputation de loser car il n’a jamais réussi à franchir le second tour des PlayOffs.

C’était il y’a quelques jours, lors du match 1 entre les Clippers de Los Angeles et les Golden State Warriors. Il reste un peu plus de dix secondes à jouer, LA est mené 105-108, et Chris Paul se retrouve sur la ligne des lancers-francs. Alors qu’habituellement, il excelle dans cet exercice, CP3 se troue complètement et envoie deux briques qui seront fatales à son équipe. Il n’en fallait pas plus pour que le monde de la Toile s’enflamme. Toute l’armée anti-CP3 s’était tout d’un coup réveillée pour cracher son venin sur ce joueur : « overrated », « loser »…Moqué, critiqué, Chris Paul est officiellement la nouvelle tête de turc du microcosme NBA. Cela nous rappelle presque LeBron James quelques années en arrière.

Alors pourquoi cet acharnement ? Qu’a fait Chris Paul durant sa carrière pour devenir une cible si facile ? Le mec possède aujourd’hui plus de haters que la majorité des joueurs NBA, alors qu’il est sûrement l’un des vrais « nice guy » de cette ligue. Bon d’accord, son coté floppeur est très irritant, ses pubs State Farm commencent à souler tout le monde, mais tout de même. Est-ce le fait d’être considéré comme le meilleur meneur de la ligue qui dérange ? Parce que si c’est le cas, ce n’est vraiment pas une bonne raison. Chris Paul, c’est ce qui se fait de mieux en terme de meneur de jeu aujourd’hui. Que cela plaise ou non, personne n’est capable de gérer le jeu et le tempo du match comme CP3 peut le faire.

Alors oui, il n’a jamais atteint les Finales de Conférence. Pour beaucoup, cet unique argument est suffisant pour remettre en cause totalement son niveau de jeu, et sa capacité à rendre n’importe quelle équipe où il passe meilleure. Really ??!? Que ce soit à la Nouvelle-Orléans ou à Los Angeles, Chris Paul a transformé son équipe. C’est grâce à lui que les Hornets sont devenus une place forte à l’Ouest à la fin des années 2000, et c’est encore grâce à lui que les Clippers sont aujourd’hui un candidat crédible au titre NBA. Les gens ont tendance à l’oublier, mais CP3 a emmené une équipe de bras cassés en demi-finale de Conférence après une saison à 56 victoires en 2007-2008. Il a fallu une défaite à domicile contre les Spurs lors d’un septième match pour mettre fin à la très belle saison des Hornets cette année là. Et puis, trois ans plus tard, il débarque dans des circonstances un peu bizarres (n’est ce pas M.Stern ?) chez les Clippers de Blake Griffin. Résultat ? Le bilan de l’équipe s’inverse de manière proportionnelle puisque Los Angeles passe d’une saison 2010-2011 à 32-50 (victoires-défaites) à une saison 2011-2012 à 40-26 (saison lock out). L’impact de Paul est évident et se voit dans les chiffres. C’est lui la vraie raison qui fait qu’aujourd’hui, on parle des Clippers comme un candidat potentiel au titre NBA. Blake Griffin a fait des progrès monstrueux, et il devra les confirmer pendant les PlayOffs pour que LA ait une véritable chance, mais le MVP de cette équipe, c’est CP3.

En effet, il a encore beaucoup de choses à prouver en Playoffs. Cet article n’a pas pour but de défendre aveuglement Chris Paul telle une groupie. C’est juste qu’on parle ici d’un joueur exceptionnel qui ne mérite pas d’être qualifié de « loser », tout simplement car il est la raison pour laquelle son équipe se bat pour le titre chaque année. Les gens ont également tendance à oublier que les échecs de CP3 en PlayOffs ne sont pas non plus que de sa faute. Qui parle encore aujourd’hui de la faillite de Blake Griffin l’an dernier, lui qui s’était fait détruire par Zach Randolph pendant que Paul essayait tant bien que mal de limiter la casse ? Pas grand monde. Encore une fois, on retiendra pour notre plus grand désarroi ses deux lancers-francs ratés lors du match 1, alors qu’il fut le meilleur joueur de son équipe… Sans lui et ses deux 3pts en fin de match, Golden State aurait gagné tranquillement. Malheureusement, avec les grands joueurs, il y’a souvent un processus de mémoire sélective qui se met en place et qui empêche une analyse concrète et objective de la situation.

Donc oui, Chris Paul a foiré. Oui, il n’a encore rien gagné. Ce sont des faits, et ils ne sont pas contestés. Cependant, il sera plus intéressant et crédible de le cataloguer s’il perd cette série, plutôt qu’après seulement un premier match, premier match dans lequel  il aura été plutôt bon pendant 46 minutes et 30 secondes.

Pour Paul, l’heure de vérité semble arrivée. Tu es un trop bon joueur de basket pour en rester là. C’est le moment de réagir et de fermer quelques bouches, et ça commence dès ce soir avec le match 2 de la série contre Stephen Curry et les siens.

Source image : by carmelosidd


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