Ouragan Katrina : quand une NBA unifiée se mobilise après la catastrophe

Le 16 févr. 2014 à 18:24 par Leo

Source image : YouTube

29 août 2005.

Une Amérique estomaquée découvre l’ampleur d’un désastre sans précédent depuis le passage de l’ouragan Mitch en 1988 : les États du Mississippi, de l’Alabama et de la Louisiane sont ravagés par le passage d’un autre ouragan, nommé “Katrina”. Plus que toutes les autres, c’est la ville de la Nouvelle-Orléans qui est le plus touchée. Malgré une évacuation sommaire effectuée en urgence, des rafales à plus de 280 km/h et des vagues de 11 mètres de haut ont enlevé la vie de près de 2000 personnes, semant une désolation innommable dans tout le sud du pays avec des milliers de familles privées de leur foyer.

Au milieu des décombres porteurs d’un odieux parfum de mort, le monde entier s’indigne devant l’indifférence des autorités politiques, à l’image d’un George Bush survolant lâchement la ville dévastée en hélicoptère deux jours après le drame, les implorant d’intervenir immédiatement sur le terrain. Dans l’attente des premières aides ainsi que de la mobilisation record de la communauté mondiale qui s’ensuivit (environs 900 millions de dollars recensés), une population majoritairement afro-américaine sans ressources, défavorisée et laissée pour compte, assiste, impuissante et meurtrie, aux pratiques d’un chaos encore plus infâme : pillages, emprise des gangs, bavures policières, pénuries d’eau et d’électricité, famine, racisme. En somme, un événement terrible dont la Nouvelle-Orléans s’en relève progressivement, près d’une décennie plus tard, en accueillant l’univers NBA tout entier à cette fête annuelle du All-Star Weekend, bien que l’État de Louisiane, toujours en reconstruction, souffre encore aujourd’hui des conséquences perpétuelles d’inégalités économiques et ethniques qui peinent à être éradiquées pour de bon…

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Contribuant à sa façon, la NBA décide d’organiser un match caritatif au Toyota Center de Houston, le dimanche 11 septembre 2005, en faisant appel à ses stars afin de récolter le plus de fonds possibles et d’éclaircir, le temps d’une rencontre, le quotidien endeuillé de sinistrés s’étant réfugiés là où ils le pouvaient. Ainsi, près de 30 joueurs tels que Kobe Bryant, Carmelo Anthony, Steve Francis, Allen Iverson ou encore Gilbert Arenas mirent la main à la patte, donnant 10 000 dollars ou plus chacun. Avant le début du match, mélangeant les acteurs en deux conférences tout comme pour un All-Star Game, plus d’un million de dollars de produits, de nourriture et d’habits avaient été recueillis.

“Aujourd’hui n’est pas simplement un événement d’un jour. La vie de ces gens continuera après ce match”, déclare le très impliqué analyste de TNT, Kenny Smith. “Il est important de réaliser la plus grande exposition possible quand vous aidez ceux qui en ont besoin. Vous devez leur fournir des vivres pour qu’ils s’en sortent et rebondissent.”

“Je suis venu pour les gens ici à la Nouvelle-Orléans”, rajoute un Kevin Garnett de l’époque profondément sensibilisé. “Je pense que cette mobilisation et le fait que nous sommes présents ici montre l’impact que nous avons, pas seulement en tant que basketteurs mais aussi en tant qu’exemples influents.”

“C’est très important”, conclut Jermaine O’Neal. “Si vous ne pouvez pas être utile dans la vie d’autrui, alors qui êtes-vous ? Peu importe que vous soyez athlète, éboueur ou docteur, juste apportez votre aide à quelqu’un.”

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T-Mac vêtu de son maillot de citoyen aimable et modèle.

En ce qui concerne le match en lui-même, l’équipe de l’Ouest l’emporte 114-95, emmenée par un Tracy McGrady imposant, scorant 15 de ses 21 points en seconde période dont 10 dans l’ultime quart-temps. Par ailleurs, tout comme Dion Waiters et Tim Hardaway Jr. la nuit dernière, Arenas et McGrady ont pu faire admirer leur adresse à longue distance dans un contest à trois points scintillant. Enfin, faisant honneur à sa franchise en berne, notre “Gérard” Smith national, alors aux Hornets, a lui aussi fait le spectacle, dans les airs comme au crossover, avec 10 unités inscrites dans le troisième quart, une performance complimentée de réactions nourries par une foule encensée. Mais ce jour-là, le score importait peu : seule la joie de pouvoir se réunir pour une cause fondamentale prévalait !

Le match

Teinté de générosité et d’une solidarité à toute épreuve, voilà un nouvel exemple des pouvoirs universels du sport, autrement dit celui d’aider son prochain à se relever dans les coups durs, de l’aider à se (re)construire, de pourvoir une once de lumière lorsqu’il n’y en a pas. En 2009, basket et cinéma se rejoignent une nouvelle fois afin de ne jamais oublier cette tragédie et tenter d’en exorciser le traumatisme. Malgré ou à cause de la présence de Lil Bow Wow et de Lil Wayne, de quelques clichés flagrants et d’envolées lyriques exagérées, Hurricane Season évoque, à la manière d’un Coach Carter, la volonté d’un coach passionné, Al Collins, interprété par Forest Whitaker (Le Majordome, Ghost Dog, Le Dernier roi d’Écosse), d’unifier et de mener de jeunes joueurs rivaux, heurtés par l’ouragan, jusqu’au titre de champion de leur État.

En un mot, même si les Pelicans ont de nos jours remplacé les Hornets, l’envie de porter haut et fier les couleurs du basket-ball de la Nouvelle-Orléans n’a pas changé et s’intensifie à mesure que le grand événement pour toute la Louisiane approche. Une raison supplémentaire pour croire et affirmer, qu’il soit décevant ou très réussi, que le All-Star Game offre la possibilité terrestre à l’ensemble des aficionados de la NBA de se retrouver, de partager leur passion inébranlable en un même lieu, en un même vivier de sentiments multicolores.

Berceau de naissance du jazz, que la Nouvelle-Orléans fasse swinguer les fans et leurs All-Stars au rythme d’actions éclatantes et de dunks spectaculaires. Musique, maestros !

Source texte : Courrier International, NBA.com