Echec et mat : Qu’est-ce qui cloche chez les Cavaliers ?

Le 08 févr. 2014 à 16:57 par Clément Hénot

Sur le papier, l’équipe avait de la gueule. Beaucoup de monde les voyait en Playoffs à la fin de la saison. Certains se prenaient même à rêver d’un retour de LeBron James sur les terres qui l’ont fait roi. Au lieu de ça, les Cavaliers sont chaque jour plus ridicules sur le terrain avec seulement 17 victoires en 50 matches. Et rien ne dit que le club de Cleveland se remettra sur les bons rails, tant sur le front-office que sur le back-office.

Ce n’est un secret pour personne, les Cavaliers sont en train de foirer leur saison, et pourtant, ce n’est pas le potentiel qui manque : Varejao-Thompson-Deng-Miles-Irving, on a connu plus dégueulasse comme 5. Ou comment la saison de l’espoir d’un renouveau tourne en fiasco total.

Un Franchise Player qui stagne

On vous voit déjà venir : Oui Kyrie Irving est le meilleur joueur de son effectif, oui Kyrie Irving est titulaire de la Conférence Est au All Star Game, oui Kyrie Irving est un excellent dribbleur, shooteur et clutch qui plus est. Mais un tout autre constat est évident aujourd’hui : Kyrie Irving n’arrive pas a sortir son équipe de la loose dans laquelle elle est entrée depuis le départ de James. Car s’il était capable la saison dernière de gros shoots clutchs et même d’écœurer Brandon Knight du basket lors d’un simple Rising Stars Challenge. C’est différent cette saison. Même si ses stats sont similaires cette année par rapport à l’année dernière (22.5 points à 45%, 3.7 rebonds, 5.9 passes et 3.2 balles perdues en 2012-2013 contre 21.5 points à 42%, 3.1 rebonds, 6.3 passes et 2.7 balles perdues cette saison), “Uncle Drew” n’a plus le même impact sur le jeu.

Pire même, il est même arrivé qu’il ne touche même pas la balle sur certaines actions du money time. Pendant qu’un vrai leader aurait réclamé la balle, posé ses bourses sur le parquet et pris ses responsabilités, Irving ne le fait que par intermittence, il doit gagner en leadership pour tirer les Cavaliers plus haut.

Autre point sensible : la défense. L’australo-américain est peu concerné par la défense, c’est un fait. Mais il ne semble fournir aucun effort décent sur cet aspect du jeu. Car si l’on en croit les statistiques du Beacon Journal, la plupart des meneurs de jeu augmentent leurs stats lorsqu’ils jouent contre les Cavs, et donc sont défendus par Irving, de Damian Lillard à Jean Mur, en passant par Michael Carter-Williams ou même Kendall Marshall. Pas terrible pour celui qui devrait être l’un des meilleurs meneurs de la NBA (et même le meilleur si l’on ne se fie qu’aux votes pour le All Star Game).
Bien sur, Kyrie-kou n’a que 21 ans, et il a encore une grande marge de progression, mais à l’aube de sa prolongation de contrat, il va devoir s’améliorer s’il veut vraiment amasser le pactole. Parce que c’est bien beau de se déguiser en Uncle Drew pour Pepsi, mais il faut gagner des matches un jour mon bonhomme.

Des choix de draft étranges

Loin de nous l’idée de penser que Tristan Thompson et Dion Waiters sont des peintres, car si le premier sort quand même une belle saison, le deuxième se révèle plus comme une tête à claques que comme un bon joueur de basket (qu’il est également). Mais rappelons que ces deux joueurs ont été choisis avec un 4ème choix de draft (respectivement 2011 et 2012) et qu’ils étaient annoncés plus bas. Tyler Zeller n’arrive pas non plus à faire décoller sa carrière, et Dellavedova est clairement rentré dans le rang après un bon début de saison.

Et bien sur, comment parler des choix de draft des Cavs sans parler d’Anthony Bennett, qui est bien parti pour être l’un des plus énormes bides de l’histoire de la draft, et ce n’est pas un vilain jeu de mots, car on a dit “pas le physique”. Et même si son cas est très mal géré par les Cavs, il n’est pas non plus étranger à ses performances dignes d’un joueur de départementale. Le mec a quand même mis 17 tentatives et 4 matches pour enfin scorer son premier panier en NBA. Et a pour l’instant des moyennes non seulement indigne d’un 1er choix de draft, mais également d’un joueur drafté avec 3.4 points à 30% aux tirs (sic) 2.7 rebonds et 0.3 passes en 12 minutes. Et même s’il a sorti UN bon match cette année, sa saison semble déjà foutue.

Luol Deng, visiblement heureux d'être à Cleveland (source : Bleacher Report)

Luol Deng, visiblement heureux d’être à Cleveland (source : Bleacher Report)

Des recrues qui n’ont pas confirmé

Le marché des free-agents semblait rondement mené par Cleveland, et le recrutement était cohérent avec les arrivées d’Earl Clark, Jarrett Jack et les coupes de cheveux d’ Andrew Bynum. Clark s’était révélé dans le système D’Antoni et était l’une des rares satisfactions dans le marasme Angelino, Jack avait fini 3ème au classement du meilleur 6ème homme, et avait bien enquiquiné les Spurs au second tour des Playoffs par sa clutchitude et son intelligence de jeu. Enfin, Bynum arrivait avec l’étiquette de “pari” de Cleveland. Même après une saison blanche, avec une motivation et une maturité souvent remises en cause, et des coiffures toutes plus déjantées les unes que les autres. Bynum reste l’un des meilleurs pivots de la ligue en termes de potentiel.

Hélas, rien de tout cela ne va se passer comme prévu : Clark Kent ne semble même plus rentrer dans les plans de Mike Brown, Jack Sparrow montre un impact et des statistiques en très nette baisse avec un temps de jeu inférieur de 3 minutes à peine. Et Bynum a encore une fois montré qu’il était plus passionné par le bowling que par le basket, il s’est même permis de fricoter avec la femme d’un assistant, qui lui a valu un transfert immédiat. Faut pas déconner quand même.

Ce transfert, parlons en tiens. Luol Deng était sensé être une superbe affaire, surtout contre un pivot unijambiste qui mets plus de strikes que de dunks, Deng est le coéquipier modèle et un éternel joueur sous-côté, on s’est dit qu’il allait pouvoir contribuer à remettre Cleveland sur de bon rails. Loupé, même ça, c’est trop compliqué pour l’ami Luol, qui semble avoir très vite compris dans quelle galère les Bulls l’avaient embarqué en le transférant. Deng fait ce qu’il peut, au moins, on ne pourra pas dire qu’il joue le rôle du passager clandestin. Et pourtant ça doit pas être facile, passer de la rigueur de Chicago, au laxisme de Cleveland, même Faudel arrêterait de rigoler tout le temps s’il avait subi ça.

Un vestiaire au bord de l’implosion

Mike Brown n’est plus écouté, c’est une certitude. Lorsque l’on sait qu’apparemment, Irving envisagerait de se barrer du bordel ambiant qui règne à Cleveland, oui oui, la fameuse source proche du dossier. Et que Waiters continue de faire l’enfant gâté sans que personne ne sourcille (pas même Anthony Davis), parce que se faire virer d’un entrainement est une chose qui peut arriver à tous. Mais Luol Deng, habitué à la discipline depuis son arrivée chez les Bulls était choqué de voir qu’il a quand même joué ses 25-30 minutes le match d’après. Sans compter qu’en début de saison, lui et Irving en seraient venus au mains. C’est quoi le pire, que ça arrive entre le meilleur joueur de l’équipe et un autre joueur à fort potentiel, ou le fait que ça ne nous surprenne qu’à moitié ?

CJ Miles, quant à lui, pointait du doigt la faculté des Cavs à se décourager dès que tout ne va pas pour eux, et même si le groupe est jeune, ce genre de comportement est rédhibitoire pour affronter les imprévus.

Mike Brown est loin d’être exempt de tout reproche, après avoir déclaré qu’il “ne savait plus quoi faire avec cet effectif” et qu’il était “déçu que ses gars ne se battent pas”. Pas vraiment la meilleure façon de remotiver un groupe qui n’est pas des plus soudés.
Le pire c’est qu’on ne peut pas dire qu’il ait entièrement tort. Car perdre contre une équipe des Lakers avec seulement 8 joueurs sur la feuille, et 5 valides à la fin du match en dit long sur l’état d’esprit du club actuellement. Surtout quand Robert Sacre est le pivot qui a fini le match. Un peu comme si tu galérais à marquer un but à Apoula Edel. La honte.

"S'teuplait LeBron, reviens, on est sympa aux Cavs" (source : ESPN)

“S’teuplait LeBron, reviens, on est sympa aux Cavs” (source : ESPN)

Stressés par le possible retour de LeBron James ?

Les Cavs ne se le cachent pas, ils vont essayer de faire revenir l’élu, 4 ans après son départ dans les conditions chaotiques que l’on sait. Et honnêtement, on ne comprend pas les fans sur ce coup la, eux qui ont brûlé son maillot dès l’annonce de son départ et qui l’ont copieusement sifflé et insulté à son retour à la Quicken Loans Arena, font aujourd’hui tout pour qu’il revienne, à base de T-shirts “Come Home LeBron”. Bref, du baissage de froc en bonne et due forme. Comme cette ex que tu as largué mais que tu regrettes parce qu’elle est devenue franchement terrible.

Pas impossible que cela pèse sur l’encadrement des Cavaliers, et que les joueurs n’y pensent pas non plus, voila peut être une raison, une de plus, qui pourrait expliquer les mauvais résultats de l’équipe actuellement.

Qu’on se le dise, cette année, plus que les autres encore, les Cavaliers nous livrent une saison ou tout fout le camp. Les ambitions étaient grandes, mais les résultats sont franchement laids, et ça nous fait une équipe de plus candidate à un top pick pour la Draft 2014, sauf qu’on l’a bien vu ces dernières années, un top pick entre les mains des Cavaliers, ça peut donner quelque chose d’assez marrant. Quelque part, c’est comme si on te proposait de conduire une Ferrari (mais pas comme Mbaye Niang, un peu mieux quand même), et que tu préférais rouler avec ta vieille Clio de 2001.

source image : rightdowneuclid.com