D.J. Augustin, à travers la tempête

Le 19 janv. 2014 à 11:33 par David Carroz

Le 13 décembre 2013, les Bulls ont signé D.J. Augustin pour donner de la profondeur au poste de meneur après la blessure de Derrick Rose. À peine coupé par les Toronto Raptors où il peinait à trouver une place dans la rotation, le choix pouvait surprendre. Personne n’attendait qu’il ait un véritable impact pour Chicago sachant qu’il était au bout du banc à Toronto. Un peu plus d’un mois plus tard et après 18 matchs, D.J. Augustin a montré qu’il méritait plus de considérations. Avec un profil différent, il reprend le rôle que Nate Robinson avait l’an dernier, c’est-à-dire celui du meneur remplaçant qui apporte de la créativité en sortie de banc. Avec réussite.

Avec des moyennes de 11,1 points (38,7% à 3 points) et 6,1 assists (leader des Bulls), Augustin as déjà sorti quelques belles performances à Chicago. À l’image d’un match à 20 points et 12 passes face aux Bobcats, l’équipe qui l’avait drafté en 2008. Ses prestations sont telles qu’il est fort possible qu’il soit prolongé cet été pour devenir la doublure de Rose (ce qui est plus glorieux qu’être celle de Hinrich). Ce qui mettrait fin à un parcours mouvementé en NBA pour enfin peut être se poser. Mais ces difficultés rencontrées (qualifying offer résiliée par les Bobcats, incapacité de s’imposer comme doublure de George Hill aux Pacers et mis de côté par les Raptors au bout de deux mois) ne sont rien par rapport au parcours du meneur en dehors des parquets.

Source: Andrew Richardson - USA TODAY Sport

Source: Andrew Richardson – USA TODAY Sport

“Cela a été un bon voyage. Manifestement, je vois maintenant que Dieu fait tout pour une raison. Tout ce qui m’est arrivé jusqu’à maintenant a fait de moi une personne plus forte.” – D.J. Augustin.

En effet, Augustin est originaire de la Nouvelle Orléans. Sa famille et lui ont fait partie des victimes de l’ouragan Katrina et on presque tout perdu. Du moins le matériel, car tous sont en vie. Son histoire est celle de nombreuses personnes de Louisiane. En 2004, la famille avait fui l’ouragan Ivan en partant à Houston. Ils avaient tout embarqué avec eux, les parents de Darryl Jerard prenant leurs précautions à chaque alerte. L’expérience de l’ouragan Betsy en 1965 avait failli leur coûter la vie.

“Nous avons tout pris avec nous et rien ne s’est passé.” – D.J. Augustin.

Ivan ne touche que peu la Louisiane (dommage 5 à 6 fois inférieurs à Katrina en terme financier) et la famille retourne donc chez elle. À cette époque, D.J. Augustin est une star du basket, un des meneurs les mieux côtés du pays, sur le point de mener la New Orleans Brother High School à son troisième titre consécutif de champion de l’état. Mais fin août 2005, une nouvelle alerte à l’ouragan va encore forcer les habitants de la Nouvelle Orléans à partir. Cette fois-ci, pas question de tout prendre pour la famille Augustin. La maison est fermée et clef pour préserver les biens. Mais elle est bientôt sous l’eau, qui remplit l’habitation jusqu’au plafond. Tout est perdu, si ce n’est les souvenirs dans les mémoires. Dont les cassettes vidéos de l’ensemble des matchs de D.J. Augustin, qu’il gardait précieusement.

“J’aimais regarder ces vieux matchs. J’espérais pouvoir regarder ces cassettes, les montrer à mes enfants. Mais bon, il y a pire dans la vie.” – D.J. Augustin.

Katrina fait des ravages. Mais plus que cela, la famille doit repartir de zéro. Cela sera à Houston, la ville de repli lors des catastrophes pour les Augustin. Finis les évacuations, le stress lors des bulletins d’alerte.

“C’était effrayant. Nous ne savions pas ce qui allait se passer ensuite car nous avions tout perdu. Mon père est rentré. Ils ne laissaient personne retourner dans la ville. Mon père nous a appelé et nous a dit que tout avait disparu et tout était détruit. Il est revenu à Houston et nous avons essayé de décider ce que nous allions faire en tant que famille.” – D.J. Augustin.

Source: Jonathan Daniel/Getty Images

Source: Jonathan Daniel/Getty Images

Finalement, les aléas de la NBA ne sont pas si terribles après avoir traversé cette épreuve. Et changer de franchise n’est pas plus dur que de changer de ville et tout reconstruire.

“La NBA est faite de hauts et de bas. Vous allez avoir de bons moments, d’autres plus durs. À Charlotte, j’ai passé de bons moments. J’ai vraiment bien joué à Charlotte pendant un bon moment (14,4 points et 6,1 passes en 2010-11, puis 11,1 points et 6,4 passes en 2011-12). Puis les choses n’ont pas continué aussi bien. À Indiana j’étais un ajustement, dans une équipe qui gagnait et qui était déjà formée. Mais j’ai eu un bon parcours avec eux jusqu’aux finales de conférence. C’était une bonne expérience pour moi. Je n’étais jamais allé aussi loin en playoffs.” – D.J. Augustin.

Pas de regrets alors pour ses débuts. D.J. Augustin n’est pas du genre à s’apitoyer sur son sort ou à se morfondre.

“À Toronto, je ne sais pas vraiment ce qu’il s’est passé. Quand j’ai signé avec eux, je pensais que c’était une bonne opportunité. Cela n’a pas fonctionné, c’est tout. Venir ici (à Chicago), c’est une bénédiction. J’aime être ici, la ville, le coach Thibs, mes coéquipiers.” – D.J. Augustin.

Au point de continuer à Chicago? Il ne serait pas contre.

“J’ai grandi en regardant Michael Jordan et les Bulls. Coach Thibs est un grand coach. Je ressens que c’est là où je voulais être et ils m’ont voulu dès que j’ai été libéré. Donc j’ai eu l’impression que c’était une bonne opportunité.” – D.J. Augustin.

Mais qu’elle sera sa valeur à la fin de la saison. S’il fait une saison “Nate Robinson”, il sera plus demandé. En fonction des réajustements dans l’effectif (Amnesty Clause pour Boozer, arrivée de Mirotic), les Bulls devraient avoir la mini-mid-level exception disponible pour les équipes sous le salary cap, et cela ferait sens de l’utiliser pour D.J. Augustin. Il est toujours préférable de garder le même meneur remplaçant sur plusieurs saisons pour éviter à un nouveau joueur d’apprendre les systèmes. Il y a peu de chances qu’ils aient une meilleure opportunité de dépenser ces $3 millions. Tout le monde y trouverait son compte.

Source: Sam Smith, Bulls.com

Source image couverture: Jonathan Daniel – Getty Images