Les Spurs n’arrivent pas à taper les gros : doit-on vraiment s’inquiéter pour eux ?

Le 27 déc. 2013 à 13:32 par Bastien Fontanieu

Après nous avoir offert une finale épique l’an passé face au Heat, le type d’orgie qu’on peut retrouver dans le Retour du Roi de Peter Jackson, les Spurs ont tenté de passer outre le trauma du ‘Ray Allen Moment’ pour préparer leur saison 2013/2014. Seulement, on peut se demander si cette défaite les a heurtés à jamais.

C’est un jeu auquel tout le monde joue, et qui ne prend pas la moindre ride, contrairement aux membres de l’équipe concernée : chaque été, les fans de la NBA et ses ‘spécialistes’ nous rabâchent que les hommes de Gregg Popovich sont trop vieux, trop lents, pas assez athlétiques, qu’ils jouent le même jeu depuis quinze ans, et que d’autres jeunes vont prendre leur place. L’argument était en effet plutôt pertinent ces dernières saisons, quand les texans réalisaient la transition de Tim Duncan à Tony Parker, et que l’identité défensive avait complètement déserté le Fort Alamo. Jusqu’à la saison dernière. Après une régulière impeccable derrière la campagne magique du français, Timmy et compagnie se ramenaient en PlayOffs avec la ferme intention de prouver non seulement aux gens que cet argument était toujours aussi futile, mais surtout que les Spurs demeuraient la meilleure franchise du nouveau millénaire. La suite, on la connait : balade dans la Conférence Ouest avant d’échouer à 20 secondes d’un cinquième titre historique.

Essai

Du coup, en abordant cette saison, l’argument dont on vous parlait en début de papier a pris encore plus de sens : vieux, cons, fatigués, mais surtout cette fois-ci frappés dans leur confiance à cause de ce loupé qui hantera les vestiaires du AT&T Center pendant de longues années. Similaire au 0.4 de Derek Fisher en 2004, qui avait abattu les sudistes sur leur propre parquet pour le reste de la série face aux Lakers et envoyait ainsi l’équipe de Shaq se faire démonter par les Pistons, il aura fallu de longues semaines de repos et de nettoyage psychologique pour repartir à l’assaut du titre NBA. Enfin, ce n’est pas comme si Manu Ginobili réalisait un an plus tard sa plus belle saison en carrière, avec l’Argentine comme avec son club, et qu’il permettait aux Spurs de remporter sa troisième bague… Bien évidemment, les équipes ont changé, la compétition aussi, et le parcours actuel s’en ressent.

Le constat est alors assez simple. Mis à part leur victoire hier soir à Dallas ou celle à Golden State récemment sans le trio de Hall of Famers, Gregg Popovich ne peut encadrer en rouge le moindre match référence de la part de ses troupes. Aucun. Zéro. Nada. Oui, il y a eu ces victoires de 4o points face aux Knicks ou Cavaliers, mais cette phrase a davantage sa place dans un papier Carambar que dans les colonnes d’une analyse précise du début de saison à San Antonio. Huit semaines de compétition écoulées, et pas la moindre démolition d’un gros poisson de Conférence Est ou Ouest. Indiana passe par là, avec 5 jours de repos puisque les Spurs ont fait barbecue à Mexico, défaite en trainant les pieds. Oklahoma City se ramène en ville alors que les anciens ont eu du temps pour dormir, 40 points encaissés sur un quart-temps. On ne parlera pas non plus du match de Noël, qui a certes montré la plus belle performance des Rockets jusqu’ici, mais également le manque de solution des Spurs face aux équipes plus grandes et plus athlétiques. Même hier soir, dans un match dégueu à Dallas, la partition semblait parfaite mais il aura fallu tenir bon pour éviter une énième désillusion. Que se passe-t-il donc à San Antonio ? Et doit-on vraiment s’inquiéter ?

Essai

La réponse est pourtant simple : non. Chaque année, Gregg Popovich utilise ces 7 mois de régulière pour faire le tour du pays, regarder les petits détails à corriger, et surtout rester prudent concernant l’infirmerie locale. Si le coach de légende était parfaitement honnête, il nous dirait qu’avoir 35, 52 ou 60 victoires, il n’en a tout simplement rien à foutre, et que tout ce qui compte pour lui c’est de se qualifier en PlayOffs. Un jeu dangereux, quand on sait que les Spurs auraient pu jouer le Game 7 à la maison s’ils avaient eu le meilleur bilan de la Ligue, mais qui a aussi son historique dans le Texas. En effet, cette équipe n’est jamais aussi bonne que quand elle n’est pas attendue. Depuis bientôt quinze ans, San Antonio a réalisé de grandes épopées quand elle avait le rôle d’équipe prête à réaliser la surprise, plutôt que celle d’équipe à abattre. Ce dernier est un siège extrêmement inconfortable, qui demande beaucoup de force physique comme psychologique, car tout le monde donne le meilleur de son jeu dans votre gueule. Ainsi, en laissant Oklahoma City se charger de la basse besogne la saison passée, les texans se sont offerts un petit peu d’ombre dans leur campagne ultra-médiatisée (au goût de Pop), et cela a porté ses fruits par la suite. Pareil cette saison, nul ne doute que le coach préfèrera attaquer le printemps caché des médias plutôt qu’encerclé par les hordes de journalistes prêts à mettre la pression sur ses troupes. De plus, on se demande vraiment qui possède le meilleur bilan de la Ligue en déplacement cette saison. Ah tiens, serait-ce l’équipe de Tony Pi ? Ajoutez à cela la bonne intégration de Marco Belinelli, l’agressivité de Boris Viaud cette année, et le troisième meilleur bilan à l’Ouest, et vous obtenez ce que les Spurs ont toujours souhaité conserver : un siège caché, respectable, et diablement menaçant.

Du coup, il est évident que les équipes dont on parlera davantage pendant ces mois de saison régulière resteront dans le top de leur Conférence. La hype des Clippers, la revanche des Pacers, l’évolution des Rockets ou l’attente des Warriors ont nettement plus de saveur en couverture de magazine plutôt que l’aptitude des Spurs à soigner leur trauma de Juin 2013. C’est ainsi, et cela convient parfaitement à cette franchise. On laissera donc aux gros poissons le plaisir de truster les interviews et autres analyses à la téloche pour savoir si leur place en Finale est possible ou non : tout ce qu’on attendra c’est d’apprécier si les gens sont étonnés de voir Tim Duncan, Tony Parker et Manu Ginobili foutre le bordel dans cette terrible Conférence Ouest lorsque les joutes printanières auront débuté. Les pièces n’ont pas changé, certains joueurs ont évolué. D’autres ont pris un peu d’âge, de poids, mais l’expérience reste dominante et si importante en Mai.

Essai

Passez donc votre chemin si vous espérez vous régaler devant la saison régulière des Spurs. Tel un savant replié dans son coin à tirer les volets et mettre sa porte sous clés, Gregg Popovich affine et polie sa troupe pour le printemps 2014. Et si sa place dans les favoris au titre semble définitivement rangée dans les tiroirs, sa capacité à rappeler aux fans de basket quelle équipe possède le meilleur bilan de toute franchise sportive américaine depuis 1997 est inchangée. Pour l’heure, patience et silence, en attendant de voir si ces Spurs sont trop vieux, trop lents, trop cons, et traumatisés.


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