Le Roi de New York, c’est Bernard !

Le 04 déc. 2013 à 16:32 par Alexandre Martin

Bernard King 30 novembre 2022
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Le 8 septembre dernier, en même temps que Gary Payton, Bernard King a été intronisé au Hall Of Fame. Un honneur mérité pour cet ailier passé par les Nets, le Jazz, les Warriors, les Knicks et les Bullets en 14 saisons dans la Grande Ligue. Bernard King est un des grands scoreurs de l’histoire NBA qui a connu pas mal de petits soucis extra-sportifs que JR Smith ne renieraient pas et qui, alors qu’il était au pic de sa carrière, a vu son élan brisé net par une très vilaine blessure au genou droit. Fichu destin…

NBA Comeback Player of the year pour sa 4ème saison !

King est né à Brooklyn en 1956. C’est logiquement  qu’il a été drafté, en 1977, par les New York … Nets qui étaient, à l’époque, en passe de devenir les New Jersey Nets. Et ironie de l’histoire, c’est avec les New York Knicks que Bernard King effectuera les plus belles saisons de sa carrière ! Pourtant, l’entrée en NBA du rookie King sous le maillot des Nets fut assez fracassante. Pour sa première saison, l’ailier marqua 24,2 points par match tout en prenant 9,5 rebonds. L’année suivante, il continua sur une base de 22 points et 8,5 rebonds par rencontre. Mais, dans ces années, le jeune King avaient de sérieux problèmes avec l’alcool. Sa réputation de noceur invétéré, d’alcoolo plus que mondain et de Don Juan des clubs new yorkais n’était pas du tout usurpée… Ces comportements extra-sportifs peu exemplaires créèrent des tensions entre le joueur et les dirigeants des Nets qui finirent par craquer et acceptèrent de le transférer à Utah.

À Salt Lake City, ce bon Bernard ne resta qu’une saison (1979-80) et ne joua que 19 matchs car il passa le plus clair de son temps à subir des traitements. Enfin “traitement” est un mot poli pour parler de cure de désintoxication. Et oui Alcool et sorties en boîte ne font pas bon ménage avec les “mormoneries” d’usage dans l’Utah…

À la fin de cette année galère dans l’Utah, les Jazz n’en peuvent déjà plus, King est tradé aux Golden State Warriors qui doivent être, à ce moment-là, les seuls à croire encore au talent de ce joueur que beaucoup considèrent déjà comme fini. Le moins qu’on puisse dire c’est que les Warriors ont eu du nez. En 1980-81, King marque 22 points par match à presque 59% au tir avec 7 rebonds, plus de 3 passes décisives et 1 interception ! En fin de saison, il est nommé “joueur ayant réussi le plus beau comeback de l’année”. Un trophée qui n’existe plus aujourd’hui mais qui était fait pour ce type de joueur ! L’année suivante, King continue sur sa lancée et envoie plus de 23 points à 57% au tir, 6 rebonds et 3,6 passes décisives par rencontres ce qui lui vaudra sa première participation à un All Star Game en 1982.

Et oui ! C’était ça Bernard King : pas le plus sérieux des joueurs, pas le plus spectaculaire non plus mais un ailier scoreur très efficace. 2m01, une petite centaine de kilos. Très rapide, explosif, bon dribbleur avec de longs bras, King était très sûr à mi-distance et un véritable tueur en pénétration ou au poste bas. Un scoreur complet, très difficile à contenir et assez imprévisible dans ces choix en attaque que dans ces choix de soirées, histoire de rendre la tâche encore un peu plus compliquée pour son défenseur direct.

New York, New York…

A l’été 1982, King est tradé par les Warriors aux Knicks en échange de Micheal Ray Richardson. A 26 ans et après 5 saisons, Bernard retourne donc dans SA ville mais dans le club rival de celui de ses débuts. S’en suivent trois grosses saisons, dont la 1983-84 qu’il finira avec 26,3 points par match (5ème de la ligue) et au cours de laquelle il honorera sa 2ème sélection au All Star Game après avoir envoyé notamment deux matchs consécutifs à au moins 50 points (le 31 janvier et le 1er février 1984). Personne n’avait effectué ce genre de performance depuis 1964…

Dans la foulée, au premier tour de playoffs face à ses “amis” de Detroit, Bernard King produit un show monstrueux et permet quasiment à lui seul aux Knicks d’accéder aux demi-finales de Conférence qu’ils perdront contre les Celtics. Sur ces 5 matchs face aux Pistons, King a tourné à 42,6 points par match à 60,4% au tir !!! Oui, oui messieurs et mesdames, pas la peine de vous frotter les yeux, vous avez bien lu : plus de 42 points de moyenne sur une série de playoffs (contre les Pistons des 80’S de surcroît) le tout à plus de 60% au tir…

La saison suivante, le jour de Noël, Bernard King devient le 10ème joueur de l’histoire à planter 60 points en un match. Ce fut au cours d’une défaite face aux… New Jersey Nets ! 60 points à 19/30 au tir et 22/26 aux lancers-francs ! Ce soir-là, New York et le public du Madison Square Garden avaient trouvé leur roi.

“Parlez avec n’importe quel gars qui est un scoreur et il vous dira qu’il y a des moments où vous vous sentez intouchable. Quand je marquais 30 points par match en moyenne, je n’avais besoin de penser à rien. Tout se passait à l’instinct et sur une nuit comme celle-ci (le fameux 25 décembre 1984), ce que vous faites n’a pas d’importance car il y a toujours ce sentiment, cette impression que ça va marcher. C’est un sentiment incroyable. Il n’y a rien de meilleur.”   Bernard King

D’ailleurs, lors de cette saison Bernard King est dans la forme de sa vie, il tourne à 32,9 points de moyenne sur les 55 rencontres qu’il dispute. Oui , seulement 55 matchs car de petits pépins physiques émaillent la saison de King cette année-là et surtout, il y a cette horrible blessure alors que la saison régulière tire à sa fin. Le 23 mars 1985, face aux Kansas City Kings, sur un appui qui pourrait paraître anodin à la base, Bernard King s’est démantelé le genou droit, un bon vieux “Torn ACL”. Une blessure à la mode aujourd’hui qui a coûté à King l’entièreté de la saison 1985-86 et quasiment toute la suivante également.
Fauché en pleine gloire, dévasté au sommet de sa carrière, le King de New York  la cruauté de cette blessure provoqua un certain émoi au sein de la ligue car il n’est jamais bon de voir un grand champion à terre, incapable de donner sur le parquet la pleine mesure de son talent. Il me semble, qu’aujourd’hui, aucun fan des Bulls notamment ne viendra me contredire…

A l’été 1987, les Knicks le laissèrent partir en tant qu’agent libre. Les Bullets lui firent alors signer un contrat. Il passera 4 saisons à Washington. Quatre saisons pendant lesquelles il retrouvera, petit à petit, un très bon niveau même s’il n’est plus cet aillier explosif qu’il a été lors de ses 10 premières années. Lors de la saison 1990-91, son avant-dernière, King tourna même à un peu plus de 28 points par match ce qui lui valu sa 4ème et dernière sélection au All Star Game. Un bel honneur pour ce joueur fantasque et talentueux que de se retrouver au match des étoiles parmi les stars du moment à l’Est comme Michael Jordan, Joe Dumars, Pat Ewing ou Charles Barkley.

Ce fut le dernier grand moment de la virée en NBA de Monsieur Bernard King. Au final, malgré l’alcool, les sorties nocturnes et les déboires avec son genou, Bernard King a signé une carrière à 22,5 points par match (19 665 en 874 rencontres jouées). La 25ème meilleure moyenne de tous les temps en NBA, juste devant Charles Barkley et juste derrière Dirk Nowitzki. 4 fois All Star, 1 fois meilleur marqueur de la saison (1985), tueurs de Nets, tueurs de Pistons, Bernard King était bel et bien le roi de New York. Un roi que la NBA n’oubliera pas…

Ses 60 points face au Nets, le 25 décembre 1984