Frank Vogel, Brad Stevens : respect mutuel entre intellos

Le 23 nov. 2013 à 16:12 par Nathan

La scène se déroule jeudi soir. Frank Vogel, le coach des Pacers, va dans un restaurant de Boston, la veille du match contre les Celtics. Un serveur, qui connaît un peu le basket, lui demande tout content : “Excusez-moi, mais vous ne seriez pas le nouveau coach des…Celtics ?”. Frank Vogel préfère en rire : ce n’est pas la première fois qu’on le prend pour Brad Stevens, l’ancien coach de Butler.

Il faut avouer qu’ils se ressemblent, ces deux-là. L’un a 40 ans ; l’autre 36. L’un a comme président Larry Bird, l’autre Danny Ainge, deux coéquipiers légendaires des Celtics de la grande époque. Ils ont le même profil : jeunes coaches blancs qui sont depuis peu à la tête d’une franchise NBA. Ils tranchent avec la majorité des coaches NBA, plus vieux et plus expérimentés. Ajoutez des lunettes à Vogel, et hop on se retrouve avec Dupont et Dupont au bord des parquets.

Mais ce que l’on sait moins, c’est que les deux hommes se connaissent bien. Car ils ont coaché dans la même ville, Indianapolis. A l’époque où Stevens s’occupe encore de l’équipe universitaire de Butler, Frank Vogel est assistant-coach à Indiana. Le jeune entraineur de NCAA s’arrête au Bankers Life Fieldhouse, la maison des Pacers : les deux hommes se rencontrent, et commencent vite à parler stratégie, à dessiner au tableau des systèmes, à disséquer des enregistrements de matchs. Alors que les années passent, les deux confrères s’envoient régulièrement des messages : un respect mutuel est né entre deux coaches qui se comprennent ; et qui ont partagé les mêmes expériences.

Car l’histoire a fait que celui qui a été, au tout début de sa carrière NBA, assistant coach aux Celtics (de 2001 à 2004), a rencontré un collègue, futur coach des C’s, qui était fan des Pacers depuis sa plus tendre enfance.

“C’est l’équipe que j’ai encouragé pendant les 36 premières années de ma vie. Aujourd’hui, ce sont les meilleurs Pacers que j’ai vu depuis que je suis né.” -Brad Stevens après la défaite des siens contre les Pacers, hier soir (97-82)

Quand Brad Stevens a été nommé head coach de Boston, lui et Vogel sont allés dîner à Orlando, pendant la Summer League. L’occasion pour Stevens de glaner quelques conseils, auprès de celui qui, à la tête des Pacers depuis 2011, avait déjà créé une grosse équipe capable d’aller titiller le Heat en finale de Conférence.

“Il m’a questionné à propos de certaines décisions qu’il aura à prendre. Alors je lui ai donné mon point de vue  et dit ce que je ferais dans ces situations. Mais je lui ai surtout dit que le plus important, c’est qu’il reste soi-même. Sa façon de faire à Butler, il fallait qu’il l’apporte à Boston.” – Frank Vogel

Maintenant, Stevens a une autre équipe à encourager. Et il va en falloir, du courage. Les Celtics peinent à engranger les victoires, malgré quelques sursauts d’orgueil et une envie clairement affichée de se battre. Mais le compteur reste bloqué à 4 victoires-10 défaites, – ce qui peut vite démoraliser un jeune coach comme Stevens. Et à l’inverse, le jeune Vogel peut facilement entendre le flot de louanges qu’on adresse aux Pacers, depuis cette année et l’année dernière. Mais ce dernier tient à rassurer tout le monde – et en particulier les fans des C’s : Brad Stevens est un bon coach, d’autant plus que ses conditions de travail sont…disons difficiles.

” C’est un brillant esprit du basket. Et Danny [Ainge] a fait une brillante acquisition (…). Il fait du bon boulot. Ils sont très clairement dans un processus de reconstruction. Mais ses joueurs travaillent dur en défense, et ils jouent extrêmement dur.”

Et d’ailleurs, Vogel ne pense pas que Stevens soit sur la sellette à Boston : il ne faut pas placer trop d’attentes en lui, et ne pas penser qu’il  va pouvoir gagner 60 matchs avec une équipe en reconstruction et privé de son meilleur joueur – Rajon Rondo.

“Il n’y a pas de faux espoirs. Ils sont en train de reconstruire une équipe. Ils vont se battre chaque soir et faire du mieux qu’ils peuvent. Ils savent très bien qu’ils sont en sous-effectifs et en manque d’expériences : ils doivent faire du mieux qu’ils peuvent.”

Alors que les deux hommes s’étaient rencontrés au même endroit, on peut dire que maintenant, ce n’est pas seulement les kilomètres qui les séparent. D’un côté, Frank Vogel tient le rôle du jeune coach déjà respecté, à la tête d’une équipe prétendante (plus que légitime) au Titre ; de l’autre, Brad Stevens, celui du jeune surdoué, qui ne vient qu’avec son passé s’occuper d’une franchise légendaire à la situation physique et morale douteuse. L’un vise le titre, l’autre les victoires et la confiance. Chacun son combat. 

Source : BostonHerald – IndyStar / Source image : BostonHerald