Ses fans lui en veulent : Rudy Gay au centre des critiques

Le 13 nov. 2013 à 16:28 par Leo

Alors qu’il prépare son retour ce soir dans le Tennessee, dans un FedExForum de Memphis qui lui a apporté une reconnaissance précoce, Rudy Gay est très loin de faire l’unanimité en ce début de saison. Croqueur imperturbable, provoquant des indigestions à outrance en isolations comme face à Houston où il n’a réussi que 11 tirs sur 37, le natif de Baltimore de 27 ans exaspère plus qu’il n’impressionne, jusqu’à plonger la plupart de ses partenaires dans le désarroi le plus complet.

Il faut bien dire, si l’on s’improvise un instant avocat de ce diable de gourmand offensif, que Rudy n’a jamais été le meilleur ami des statistiques, et cela depuis son entrée dans la ligue en 2006. Peu décisif l’an passé, vint un souci oculaire dans la deuxième moitié de saison dernière qu’il essaye toujours de surmonter, affirmant que celui-ci ne le “gênait plus” lors du camp d’entraînement. Mais la réalité des terrains révèle d’autres symptômes bien plus récurrents et douloureux. Nommé capitaine au même titre que son compère de Compton, DeMar DeRozan, avant le début des hostilités, Gay a semble-t-il mal interprété la véritable portée de ce statut, vecteur de plus grandes responsabilités significatives, quant au projet utopique façonné par le General Manager, Masai Ujiri. Ainsi, noyant dans une eau de plus en plus trouble toute tentative d’un mouvement de balle digne de ce nom, ce-dernier, imité par DeRozan donc, n’hésite pas à arroser et faire feu de tout bois durant la quasie totalité d’un match, avec en ramasseurs de ballon sous les arceaux, Jonas Valanciunas et Tyler Hansbrough. Voilà ce que Dwane Casey appelle trivialement une attaque… Mais l’entraîneur est-il nécessairement le vrai et seul responsable ? Quid de la compréhension, de l’application rigoureuse, de la prise de conscience des joueurs cadres tels que Rudy Gay ? C’est bien toute l’attente concentrée autour du joueur phare de la franchise…

Face aux réticences nourries et grandissantes des fans des Raptors concernant son apport à l’équipe, tournant à un pourcentage dérisoire de 35,6 % aux tirs qui demeure son plus mauvais total en carrière, l’accusé n’y voit aucun sentiment d’urgence, préférant s’agenouiller devant le fait accompli plutôt que de s’en remettre à la raison et tenter d’améliorer un temps soit peu la situation peu glorieuse dans laquelle il se morfond. Dès lors, il ne fait que tirer, sous forme de dommage collatéral, ses compagnons de route dans son déclin inconscient et progressif.

“Non, pourquoi devrais-je m’excuser ?,” rétorque-t-il agacé, en réponse aux critiques lui parvenant au sortir de sa performance désastreuse face aux Houston Rockets lundi dernier, pourtant auteur d’un buzzer beater forçant une double prolongation malgré la défaite des siens.

“Visiblement, je n’ai pas été le seul qui a eu des difficultés à marquer et nous avons tout de même contraint Houston jusqu’en double prolongation. Sérieusement, je me moque de ce qui peut se passer ou ce qui est dit de l’extérieur. Si mes coéquipiers ont un problème avec mon activité et mon apport sur le terrain en vue de la victoire, alors je m’en préoccuperai. Les gens peuvent raconter ce qu’ils veulent.”

Or, ce que Rudy Gay a l’air d’oublier, voire de volontairement se désintéresser, est que justement le temps de jeu ainsi que l’intégration de ses frères d’arme s’en ressentent et en pâtissent fortement. Pour exemple, ancien pistolero et chouchou du MSG de New York, Steve Novak peine à s’imposer avec l’escouade canadienne, lui qui serait une solution aux quiproquos de plus en plus marqués que rencontrent les joueurs de la franchise de Toronto. Même Gay l’aurait signalé en fin de rencontre, disant d’une manière désinvolte que “Novak aurait pu être utilisé” ! Au cœur de ce théâtre de l’absurde, Novak, quant à lui, plus spectateur que joueur en ce début de saison tumultueux, attend patiemment son heure, sans omettre de lancer quelques pointes d’agacement dans sa détresse sur le banc.

“Visiblement, nous avons d’autres gars qui peuvent briller et mettre des tirs. Mais est-ce que je souhaite être le gars qui rentre le dernier tir à la fin du match ? Oui.”

Présentant aujourd’hui un médiocre bilan de 3 victoires pour 5 défaites, Rudy Gay et les Raptors, tout comme les Knicks actuellement avec l’exposition trépidante en moins, peinent à convaincre et préfèrent protéger leurs défauts au lieu de les combattre tous ensemble. Une attitude légitimement critiquable par la communauté canadienne admirative et fidèle à son équipe qui tend plus à donner son corps au mensonge et à la nomination maladivement futile de boucs émissaires que d’envisager une évolution réfléchie commune, tant dans le jeu que dans l’image de marque véhiculée. En un mot, au pied de retrouver les lieux qui lui ont permis de se constituer une aura de joueur All-Star adulée et respectée, Rudy Gay (19,3 points, 7,4 rebonds et 1,6 passes décisives cette saison) devra au plus vite répondre de ce mutisme productif affligeant avant que le joug des capitaux n’obstrue ses rêves d’excellence pour de bon.

Source texte : The Toronto Sun / Source image : bleacherreport.com


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