The Final Answer : Allen Iverson – Hoyas Blood

Le 30 oct. 2013 à 11:20 par David Carroz

Séries cultes, joueurs de légende, rivalités exacerbées, parcours atypiques… Régulièrement, une histoire sur la NBA pour briller en société.

Aujourd’hui j’ai envie de parler d’un joueur que j’apprécie énormément. Ou plutôt que j’ai appris à apprécier, au point qu’il figure maintenant parmi mes joueurs préférés. Un joueur qui se retire définitivement ce soir, chez lui, dans le club de son coeur, où il a tant donné. Lui, l’ancien numéro 1 de la draft 96. Rookie of the Year en 97. MVP de la saison régulière en 2001 et du All-Star Game la même année ainsi qu’en 2005. 11 sélections pour ce même match. Meilleur scoreur de la ligue en 1999, 2001, 2002 et 2005. Meilleur intercepteur en 2001, 2002 et 2003. Et surtout un joueur qui a porté sa franchise de l’époque – la franchise de sa carrière, même s’il a évolué sous d’autres maillots ensuite-  les Sixers, en Finale NBA  en 2001 sans coéquipier capable de marquer à ses côtés (11,6 points pour Aaron McKie, 2ème scoreur de l’équipe et meilleur 6ème homme de la ligue cette année là).

Qui est ce joueur ? La réponse est simple, The Answer. Allen Iverson. Un arrière-meneur d’1m83 pour 74 kilos sorti de Georgetown, fac pourtant réputée pour ses pivots. Retour sur son parcours.

AI est né en Virginie en 1975. Au lycée, il brille aussi bien au basket qu’au foot américain puisqu’il gagne le titre dans les deux sports. Son avenir sportif semble donc sur de bonnes voies.

Cependant, alors qu’il n’a que 17 ans, il est impliqué avec des amis dans une bagarre et il est arrêté. Il est condamné à 15 ans de prison. Finalement, il ne passe que 4 mois dans un établissement spécialisé pour jeunes en difficultés et est amnistié par le gouverneur de Virginie. La court d’appel de l’État revient même sur la condamnation pour insuffisance de preuve. Mais cet épisode illustre le caractère et la vie d’Iverson. Thug life.

Il rejoint Georgetown et son coach légendaire John Thompson qui l’aidera à éviter la délinquance. Chez les Hoyas, AI brille avant tout pour sa défense et remporte deux fois le titre de Big East Defensive Player of the Year. Après deux saisons, il se présente à la draft, étant le premier joueur sous Thompson à ne pas boucler son cursus. His time is now.

En arrivant à Philadelphia en 96, il est très critiqué pour son jeu individualiste et ses performances personnelles qui ne permettent pas aux Sixers de gagner des matchs. Pour preuve, il devient le premier rookie de l’histoire à marquer 40 points ou plus lors de 5 matchs consécutifs ! 5 défaites pour Philly… Charles Barkley dit de lui qu’il est le MVP des playgrounds et est très acerbe à son sujet, le surnommant « Me, Myself and Iverson ». Plus que son jeu, c’est son style qui dérange les hautes sphères de la ligue. Toujours accompagné de ses amis, quand AI se déplace, son “gang” le suit. Stern n’apprécie que moyennement le Gangsta Basket, et le dress code actuellement en place dans la ligue découle de cette période.

Mais la machine est en route. Car pendant la saison 97-98, les Sixers alors entrainés par Larry Brown (coach très défensif) vont trader Jarry Stackhouse – qui forme pourtant avec AI une paire d’arrière très efficace offensivement ; plus de 44 points de moyenne à eux deux – pour deux joueurs plus rugueux : Theo Ratliff dans la raquette et Aaron McKie. Les résultats de l’équipe s’améliorent, Philly jouant d’ailleurs les playoffs. Mais les relations entre Iverson et son coach sont très tendues. Un deal à quatre équipes voit même le jour avant de tomber à l’eau pour des raisons de salary cap en 2000. The Answer et Larry Brown vont devoir se débrouiller pour mettre de côté leurs problèmes et mener l’équipe le plus loin possible.

Le début de la saison 2000-2001 est parfait. 10 victoires lors des 10 premiers matchs pour les Sixers qui présentent à la fin de la saison le meilleur bilan de la conférence est avec 56 victoires pour 26 défaites. En playoffs, Iverson réussit l’exploit de marquer 50 points lors de deux matchs consécutifs (seul Jordan l’avait fait avant lui). Il mène les siens jusqu’en finale face aux Lakers.

Les Sixers remportent le premier match à Los Angeles grâce à Iverson qui finit le match avec 48 points, 5 rebonds, 6 passes et 5 interceptions. Lors de la prolongation, il marque 7 paniers d’affilé et rentre le shoot de la gagne. Malheureusement il est trop seul pour pouvoir lutter contre les Lakers de Shaq et Kobe. Philly perd les 4 matchs suivants et ne rejouera plus les Finals.

Depuis, Iverson a bougé à Denver puis Detroit, avant de passer rapidement à Memphis. Il revient à Philadelphie pour la saison 2009-2010, mais il n’ira pas au bout de celle-ci à cause de problèmes personnels. Son passage par Besiktas la saison suivante n’est qu’anecdotique mais montre que la NBA est loin pour lui. Mais sa carrière ne s’est-elle pas réellement finie lorsqu’il a quitté pour la première fois le club de son cœur ?

Depuis, il est régulièrement présent dans les colonnes des faits divers, ruiné, comme de nombreux anciens joueurs NBA qui ont été incapables de gérer richesse et célébrité.

On peut ne pas aimer son arrogance, l’individualisme dont il a fait preuve, mais en menant Philly en Finals, il a prouvé à tous le joueur qu’il était et le respect qu’il méritait. Il se retire donc, à 38 ans, avec la 6ème meilleure moyenne de points en carrière de l’histoire de la Ligue (26,7). Pas mal pour un petit gars d’1m83… il est d’ailleurs le plus petit joueur à dépasser les 20 points par match. Mais peut être celui dont le coeur était le plus grand. Un dernier hommage à ce joueur hors norme, avec un mix proposé par Clutch23 sur les années Georgetown d’Iverson.

Disponible aussi sur Vimeo : Allen Iverson – Hoyas Blood