Que valent ces Knicks version 2013/14 ?

Le 13 oct. 2013 à 15:49 par Alexandre Martin

Quel va être le niveau de ces Knicks avec un Carmelo Anthony qui est désormais en place depuis 2 ans et demi et qui abordera donc bientôt son troisième exercice (entier) en tant que franchise player de New York ? Les hommes de la Big Apple vont-ils enfin satisfaire les attentes de l’exigent public du Madison Square Garden ? Quelles options tactiques Mike Woodson va-t-il tenter de mettre en avant ?

Carmelo est-il capable d’amener son équipe jusqu’au titre ?

Voilà des questions que beaucoup d’observateurs se posent quand il s’agit de pronostiquer la qualité et, éventuellement, les résultats à venir pour ces Knicks 2013/14. Avec les arrivées successives d’Amar’e Stoudemire, Carmelo Anthony puis Tyson Chandler, cela fait deux saisons de suite que les Knicks sont considérés comme de potentiels outsiders pour le Heat à l’Est. Le sont-ils réellement ? Aujourd’hui, très clairement, la réponse est NON ! Si on s’en réfère au papier, depuis l’arrivée de Melo en Février 2011, les Knicks progressent c’est incontestable. Passons sur les playoffs 2011 au cours desquels Anthony venait d’arriver et ne pouvait pas encore avoir l’influence nécessaire… En 2012, après une saison raccourcie pour cause de lock-out, les New Yorkais ont évité le sweep de justesse, au premier tour, face à un Heat sur la route de son premier titre de l’ère Lebron. L’année dernière, après une saison régulière de très bonne facture (54-28), les Knicks ont réussi à sortir un Boston vieillissant et diminué par l’absence de Rajon Rondo au premier tour. Mais ils se sont ensuite heurtés aux Pacers. Jeunes, vigoureux et durs sur l’homme, Paul George et ses coéquipiers ont totalement fait déjouer Melo et sa troupe. Enfin surtout la troupe parce que Carmelo Anthony a maintenu son excellent niveau durant cette série. Tournant à 28,5 points à plus de 43% au tir et prenant quasiment 8 rebonds par match, l’ailier new yorkais a fait le job comme on dit.

Mais il est bien là tout le questionnement autour de Melo. Il va entamer sa 11ème saison NBA, il a déjà été All Star 6 fois ce qui est tout à fait mérité au vu de son talent. Car, disons le, n’ayons pas peur des mots, Anthony est actuellement le scoreur le plus complet de la NBA. Sa qualité de shoot est magnifique, il est puissant, rapide. Il est très fort au poste bas où il est capable d’enrouler son adversaire direct ou de marquer en reculant par un fadeaway. Face au panier il est injouable car il attaque très bien le cercle si le défenseur le serre de près ou dégaine très vite si jamais on lui laisse le moindre espace, même minuscule. Son arsenal offensif est sans limite.
De toutes façons, il marque 25 points en moyenne par rencontre depuis 10 ans (plus de 700 matchs), ce n’est pas un hasard… Mais alors ? Qu’est-ce qui fait qu’un tel joueur, qui a souvent été entouré de rosters plus que corrects aussi bien à Denver qu’aujourd’hui à New York (si si), ne parvienne pas à faire passer un cap à son équipe ? Certains mettent en avant son manque d’implication défensive. Ce fut vrai mais ça ne l’est plus. Il n’est pas question ici de dire que Melo est le nouveau Bruce Bowen mais il fait de gros efforts, il se donne, intercepte des ballons et prend du rebond. C’est déjà pas si mal même s’il s’est fait brutaliser par David West lors des derniers playoffs mais il a aussi été, dans ce cas précis, la victime des choix tactiques de son coach. Nous y reviendrons.

Carmelo-Anthony

Non, il y a, pour moi, deux grands aspects se son approche du jeu que Carmelo Anthony doit absolument faire évoluer s’il veut satisfaire ses ambitions de titre avec les Knicks. Premièrement, Anthony est un scoreur indéfendable en un contre un et qui sait profiter des espaces. Ok mais les défenses s’adaptent, particulièrement en playoffs. Et là, on se rend compte que Melo est un playmaker de qualité très moyenne, cela transpire par exemple dans ses stats de passes décisives : à peine plus d’une par match lors de la série (en 6 games) face aux Pacers. Oui, les Pacers coupent parfaitement les lignes de passes et oui, les partenaires de l’ailier ont déjoué dans les grandes largeurs, notamment au shoot, lors de cette série. Mais tout de même, à peine plus d’une passe décisive par rencontre (1,3 exactement) !! Ce n’est pas assez, c’est le signe d’un manque capacité à créer pour ses coéquipiers. Là encore, Melo n’a pas été aidé par certains choix tactiques de son coach. Nous y reviendrons mais il est également fautif. Il ne peut pas se cacher sur ce point et il doit progresser, se faire violence et mieux distribuer, faire de meilleurs choix.
Deuxièmement, le mental. Metta World Peace a beau nous expliquer que son franchise player a un instinct de tueur, dans les faits ce n’est qu’à moitié vrai. Je m’explique : Melo est clairement un tueur quand il s’agit de scorer en fin de match voire de planter LE shoot qui tue. Oui c’est vrai mais ce mental, cet instinct de tueur ne s’exprime pas de manière globale. Être leader en attaque c’est bien, être leader tout court, c’est mieux. Melo ne parait pas assez “méchant” parfois, pas assez mordant dans l’attitude, dans le combat. Un effectif comme celui des Knicks a besoin d’un Melo taille patron, un Melo rageur, un Melo aboyeur et pas seulement dans certains moments mais TOUT LE TEMPS, à chaque match, à chaque temps-mort…

Il est là le grand défi à venir pour Anthony. Peut-il le relever ? A bientôt 30 ans, il n’a pas le choix s’il ne veut pas rester un éternel scoreur sans titre et incapable de sublimer un collectif un peu à l’image d’un Tracy McGrady… Cependant, Carmelo Anthony, même s’il doit tirer ses coéquipiers vers le haut, n’y arrivera pas tout seul et il faut bien reconnaître qu’il a pas pu compter sur grand monde lors des dernières demi-finales de Conférence face aux Pacers. Tyson Chandler n’avait pas son mordant habituel, JR Smith est retombé dans ses travers de noceurs plutôt que de continuer sur sa lancée de meilleur 6ème homme de la saison, J-Kidd était sur la fin et n’a pas mis un point au cours de cette série, Raymond Felton a brillé par son irrégularité pendant qu’Amar’e Stoudemire effectuait un énième retour de blessure mais était bien trop court physiquement pour peser face aux intérieurs d’Indiana. Melo s’est retrouvé seul, trop seul au sein d’un effectif des Knicks qui a montré ses limites. Les limites d’un roster intéressant, bien équipé en talent mais pas prêt pour les combats sanglants de post-season.

L’effectif et le coach sont-ils au niveau ?

Mais si l’effectif n’a pas su élever son niveau, le coach Mike Woodson non plus. Voilà un autre gros souci pour les Knicks. Woody a fait progresser son équipe d’un point de vue défensif ces dernières années, c’est un fait. Après il ne peut pas faire grand chose si Chandler n’est pas dans son match par exemple. La qualité défensive d’une équipe est tout autant le résultat des consignes du coach que de l’intensité mise par les joueurs sur chaque possession. Dans ce cadre là, Tyson Chandler est essentiel par son aptitude à guider la défense new yorkaise, à contrer des shoots, intimider les attaquants adverses, prendre des rebonds. Quand le grand Tyson n’est pas à 100%, les Knicks n’ont pas le niveau requis pour aller en finale de Conférence. Cela a transpiré pendant toute la série face aux Pacers en mai dernier. Donc, pour mettre en place son équipe défensivement, Woodson a besoin de son pilier. Ok, ok. Mais, il peut aussi s’adapter à ce que propose l’adversaire. Pourquoi laisser Melo défendre sur David West pendant toute une série de playoffs ? Pourquoi laisser son meilleur joueur défendre sur un joueur qu’il ne peut pas tenir ? Une erreur de coaching qui a coûté cher et qui a fait les affaires d’Indiana…
Et, en ce qui concerne les phases offensives, le coach de la Big Apple n’a pas d’excuses quant à la pauvreté tactique du jeu d’attaque proposé par ses joueurs lors des derniers playoffs. Le ballon ne circulait pas assez, les Knicks mettaient peu voire pas de systèmes en place. On a beaucoup trop vu des offensives des Knicks se résumant à du jeu en isolation avec un ballon qui arrivait dans les mains d’Anthony et les 4 autres joueurs qui s’écartaient bien tranquillement pour regarder jouer leur ailier tenter de scorer. Ces Knicks – qui ne défendaient pas trop mal en saison régulière, couraient en attaque et utilisaient à bon escient les isolations sur Carmelo en fonction des match-up – sont devenus une équipe sans mordant défensif et incapable de bien faire circuler la balle en playoffs. On peut même se demander si New York aurait sorti les Celtics au premier tour si Rajon Rondo avait été présent.

Woody

Par conséquent, même si MWP voit en lui une ressemblance avec Phil Jackson, il me semble que Woodson a tout de même une grosse part de responsabilité dans cet échec. Le coach à la barbichette fournie semble refuser de sortir de ses travers. Il semble allergique au fait de mettre en place des systèmes pour obtenir de bonnes positions de tirs pour ses shooteurs qui du coup, quand la défense est serrée, se retrouvent à prendre une bonne dose de tirs compliqués, à les rater et à perdre confiance. Avoir Carmelo Anthony sur le parquet ne suffit pas à avoir une bonne attaque. En saison régulière, cela peut parfois faire illusion mais en playoffs, la réalité est toute autre. Coach Woodson va devoir désormais se creuser la tête, réfléchir à de nouveaux moyens d’exploiter le talent des joueurs qui composent son roster. Il va devoir intégrer les recrues de l’été et trouver le meilleur équilibre en attaque comme en défense.
Parce que quand on jette un oeil à l’effectif des Knicks, on ne peut pas dire que Melo soit un franchise player esseulé. A l’aube de cet exercice 2013/2014, Coach Woodson a largement de quoi entourer son ailier, le mettre dans les meilleurs conditions possibles en défense et trouver des systèmes pour permettre à son équipe de surprendre en attaque. Ne me dites pas que l’effectif des Knicks est pauvre car ils ont perdu vendredi contre les raptors ou parce qu’ils ont pris une grosse fessée, le nuit dernière, contre Boston. Ces matchs ne sont que des rencontres de pré-saison, des rencontres qui sont plus un échauffement géant que de vrais matchs de basket. D’ailleurs, hier contre les Celtics, Woodson n’ a pas fait jouer Anthony, ni Felton, ni Chandler, ni World Peace, ni même Udrih… Il serait donc plus juste de dire que les remplaçants et les chauffeurs de banc des Knicks ont bu le bouillon face à des Celtics en reconstruction mais  dont la seule absence notable est toujours celle de Rondo…

L’effectif de New York au complet est équilibré, varié et bourré de joueurs dont les qualités se complètent à merveille et peuvent être utilisées par un coach. Sur les lignes arrières déjà, Woody a le choix entre 6 joueurs. Entre Raymond Felton, Pablo Pirgioni et Beno Udrih, le poste de meneur est largement pourvu avec ces trois joueurs complémentaires. Au poste 2, Woodson dispose de 2 joueurs d’un très bon niveau de basket : Iman Shumpert et JR Smith. Deux excellents athlètes, un plus orienté vers la défense (Shump) et l’autre plus fou-fou, plus incontrôlable mais capable de grosses performances offensives. Woodson doit canaliser JR Smith et en faire la véritable arme offensive de son back court y compris en playoffs… En plus, le poste 2 vient d’enregistrer une arrivée, un rookie qui semble prometteur en la personne de Tim Hardaway jr. Le fils du boss du crossover a montré de belles choses en Summer League et en pré-saison. Il sait scorer, il est athlétique, il pourra certainement rendre de bons services aux Knicks à condition qu’il progresse en matière de sélection de tirs. Pour composer son back court, Woodson a donc plusieurs options. Il peut associer un vrai meneur avec un vrai 2. Il peut associer deux meneurs pour plus de créativité, il peut associer deux arrières comme Shumpert et Smith pour avoir plus de taille, plus d’impact physique en fonction des situations.

knicks traning

Ensuite, au niveau de la “Front Line”, Woodson dispose également de nombreuses options avec les arrivées de Metta World Peace et d’Andrea Bargnani. Ces options tourne autour du positionnement de Melo et donc des joueurs que le coach décidera de placer à ses côtés. La saison dernière, du fait principalement de l’absence quasi continue de Stoudemire, Carmelo Anthony a évolué en ailier fort. Un poste qui lui réussit très bien en attaque et beaucoup moins en défense. Cette saison, l’arrivée de Bargnani peut permettre à Woodson de remettre Melo à son poste naturel en 3 et ainsi l’associé à l’Italien (en 4) et à Tyson Chandler (en 5). C’est une option. Avoir Anthony et Bargnani sur le parquet peut être très intéressant offensivement car les deux sont difficiles à prendre pour les défenses adverses. D’un point de vue défensif, il est clair que la paire Anthony – Bargnani ne présente pas toutes les garanties qu’on est en droit d’attendre pour une franchise qui se veut et se dit en course pour une bague. Une autre option, plus solide défensivement, consisterait à intégrer MWP dans cette front line. Ce se ferait bien évidemment au détriment de Bargnani et en repositionnant Melo en 4. Il pourrait d’ailleurs être intéressant pour Woodson d’avoir l’Italien à faire surgir du banc avec la second unit histoire d’avoir une deuxième menace sur le parquet avec JR Smith quand Melo souffle. Une troisième option est imaginable, sur le papier, quand Chandler est sur le banc. Une triplette  World Peace – Anthony – Bargnani mais là, face aux grosses paires 4-5 proposées par beaucoup d’équipes NBA, défendre à l’intérieur sera très compliqué pour les Knicks. Melo ne peut pas tenir les vrais gros 4 et Bargnani ne peut tenir aucun pivot en NBA aura bien du mal à défendre efficacement le poste 5. Il est clair que ces rotations seront également influencées par les formes respectives de Kenyon Martin ou d’Amar’e Stoudemire (s’il revient un jour en forme) ainsi que par l’utilisation qui sera faite de joueurs comme Ike Diogu, Josh Powell ou encore Cole Aldrich.
Toujours est-il que Mike Woodson a du choix. Il a ce qu’il faut, en matière de joueurs, pour surprendre l’adversaire ou s’adapter à un système mis en place par le coach adverse. A lui de nous montrer qu’il n’est pas qu’un coach d’isolation, qu’il peut faire jouer cette équipe de New York même quand le temps des playoffs est venu. En a-t-il les capacités tactiques ? Peut-il faire passer un cap à cet effectif des Knicks ? Pas sûr…

Pour être un véritable prétendant au titre et vraiment se donner les moyens de leurs ambitions, les Knicks ont donc encore de gros progrès à réaliser. Des progrès qui passent par deux hommes, le reste de l’effectif suivra, il en a les moyens. Melo doit devenir un VRAI leader et Mike Woodson doit devenir un VRAI coach, un vrai meneur d’homme capable de gérer les égos, de canaliser les énergies et de faire les bons choix. Des succès futurs passent par là pour New York. Pour la saison à venir, au risque d’énerver certains fans de la Big Apple,  il me semble déraisonnable d’envisager plus qu’une demi-finale de Conférence pour ces Knicks étant donné la concurrence d’équipes telles que les Pacers, les Bulls, les Nets et, bien sûr, le Heat. Me feront-ils mentir ? Donneront-ils raison à l’optimisme de World Peace ? Rendez-vous en avril…


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