“Délivrance”, l’Intérieur Sport sur les Bleus : c’est bon mais c’est court !

Le 12 oct. 2013 à 17:00 par Nathan

Diffusé une première fois le 5 octobre sur Canal+, l’épisode intitulé “Délivrance” de la très bonne série de documentaires sportifs Intérieur Sport, consacré au parcours victorieux de l’Equipe de France à l’EuroBasket, est disponible en libre accès sur le site internet de la chaine cryptée. Entre surprise et déception.

C’est probablement les meilleurs documentaires sur le sport que l’on puisse trouver dans l’Hexagone. Qu’ils touchent au curling, au ping-pong, au football ou à tout autre sport, les équipes d’Intérieur Sport s’immiscent toujours dans une pratique avec qualité, respect et passion. En ce qui nous concerne, après nous avoir régalé avec un épisode sur le parcours des “Braqueuses”, Intérieur Sport nous offre les coulisses de l’épopée française au dernier championnat d’Europe.

Et, sans mauvais jeu de mots, on peut dire que pour un documentaire, le sujet est en or : une histoire très forte, un parcours chaotique, des rivalités, des personnalités bien marquées, des émotions, des retournements de situation. Pas mal de choses ont fait de cet EuroBasket un moment historique pour le basket français. A priori donc, on pouvait s’attendre à quelque chose de pas mal. Et c’est bien la première fois, pour mon humble part, qu’un Intérieur Sport me déçoit. Attention à ne pas se méprendre : ce n’est pas un mauvais documentaire, bien au contraire. Comme toujours, on voit que les équipes d’Intérieur Sport en connaissent un rayon en sport. C’est pas un journaliste politique débutant sur une chaîne publique auquel on demande de nous pondre un truc de 20 minutes sur le sport, même s’il n’y connaît rien. Au contraire, les équipes d’Intérieur Sport captent bien l’ambiance générale d’une équipe, d’un état d’esprit. Elles se font discrètes, de telle manière que ceux qui sont filmés se montrent tels qu’ils sont. Enfin, elles choisissent des images qui sont dans l’ombre, elles insistent sur les détails, sur les petites phrases, sur les regards ou les gestes qui se dérobent, mais qui font aussi les grands principes du sport. Comme toujours, donc, du très bon travail.

Mais alors, qu’est-ce qui ne va pas ? La durée. Cet épisode fait 20 minutes. Déjà un peu plus court que la moyenne des autres épisodes (environ 25 minutes), là c’est carrément trop peu pour les raisons déjà évoquées : titre historique, matchs fous, tout ce qui se passe en coulisses, Tony Parker et sa quête de médaille après des années en Bleus (comme Flo Pietrus) et tous les autres motifs qui ont fait que cet EuroBasket a été un moment très fort pour beaucoup d’entre nous. Ainsi, beaucoup d’étapes qui se sont révélées, rétrospectivement, très importantes pour la suite du parcours des Bleus sont absentes. On n’a aucune idée de la façon dont les joueurs et l’ensemble du staff ont géré la préparation. On n’apprend pas grand chose sur les personnes peut-être un peu moins concernées : les membres du staff, précisément. L’ambiance générale se fait moins ressentir. Aucune image sur les méthodes de travail et de préparation, ou encore sur les analyses techniques d’avant et d’après-matchs, à part quelques très rares images. Rien concernant le tapage médiatique qui a suivi le titre. Manque de temps, manque de matière ? Difficile de savoir, mais notre petit doigt nous dit que c’est un impératif de temps qui a exigé quelques concessions sur le contenu.

Ne tombons pas dans l’excès : il y a beaucoup de moments agréables et touchants qui nous sont montrés dans le reportage. Parfois même quelques surprises. On y trouve un Vincent Collet très proche de ses joueurs et beaucoup plus motivant que ce que l’on pouvait voir, notamment durant les temps-morts. On y trouve un Boris Diaw dans son rôle de Cap’tain : calmer les troupes, insister sur la concentration, la préparation et sur le rythme. On y découvre, enfin, un Tony Parker bouillant, étincelant, qui force l’admiration à la mi-temps du match contre l’Espagne, quand il pousse une gueulante qui aura pour effet de produire la meilleure mi-temps de l’Histoire du basket français ; quand particulièrement, il ordonne à Antoine Diot, Nando De Colo et Alexis Ajinça, de l’oublier pendant la majorité des possessions, pour prendre leurs shoots, pour créer du jeu : pour prendre du plaisir, en somme.

Donc, on vous conseille quand même de regarder ce reportage qui nous immerge, pour notre bonheur, dans les coulisses de la médaille d’or française. En attendant, peut-être, quelque chose de plus long de la part de l’équipe d’Interieur Sport, qui prenne en compte des analyses de match, une ambiance de groupe plus approfondie, et les retombées médiatiques sur l’ensemble du basket français. Mais même si ça ne voit jamais le jour, on les remercie.