Knicks vs Nets: coup marketing ou vraie rivalité à la Celtics/Lakers ?

Le 12 sept. 2013 à 11:44 par Pierre-Mael

Le déménagement des Nets dans le borough le plus coté de la grosse pomme a exacerbé des tensions déjà bien présentes entre les deux franchises. En effet, ce rapprochement géographique n’est pas anodin puisqu’il se fait au cœur même du lieu le plus représentatif de la culture basket. La Mecque de la balle orange peut-elle réellement compter deux équipes ? L’esprit NBA, si enclin à toujours favoriser la victoire d’un seul, la domination voire la décapitation sur la place publique du perdant conduira t-il à l’asservissement d’une équipe par l’autre, ou assistera t-on à une coexistence pacifique? La question nous tiendra en haleine la saison prochaine.

Mais au delà de ces considérations de fond, c’est la forme de cette rivalité qui soulève des questions. C’est un secret de polichinelle: l’argent prend une place croissante en NBA. Deux visions du problème s’opposent: soit cette rivalité n’est que factice et a pour but d’attirer les spectateurs, qui ne demandent rien d’autre que du panem et circenses, soit on peut y voir est un véritable embryon de conflit, similaire à celui opposant les Lakers et les C’s depuis les années 60. Si il est vrai que le sang a toujours attiré la foule, peut-on vraiment comparer ces deux affrontements?

Règlements de compte avant l’entame de la saison

 C’était l’une des saga de l’été. Les punchlines envoyées par les uns aux autres ont fait monter la température. Dès le 7 janvier dernier, Carmelo Anthony et Kevin Garnett (encore un Celtic à l’époque) s’embrouillent devant le bus de Boston. Rivalité personnelle certes, mais qui va laisser des traces.

C’est d’abord Pierce, récemment transféré, qui ouvre les hostilités. En parlant de sa « haine des Knicks », il allume la première braise du bûcher qui va brûler entre les deux franchises. Il ne faudra pas attendre longtemps pour que J.R Smith et Raymond Felton ne lui tombent dessus, le premier qualifiant Pierce d’ « amer », le second expliquant sans fioritures que la vraie équipe de New-York loge au Madison Square Garden et non pas au Barclays Center.

Cette tension dépasse même les joueurs, puisqu’elle implique les dirigeants des deux clubs! Dolan et Prokhorov se tirent dans les pattes, à tel point que le commissionnaire David Stern se retrouve forcé de leur demander de calmer le jeu.

Néanmoins, si ces attaques sont violentes, elles restent verbales: aucune altercation physique sérieuse n’a eu lieu entre les deux franchises cette saison. Il est donc naturel d’envisager ce conflit comme une rivalité de façade, montée en épingle par les protagonistes de chaque camp, dans le but de faire couler de l’encre et de vendre des places.

Mais si l’on s’y attarde, on se rend vite compte que cette rivalité dépasse les piques envoyées en conférence de presse: les deux équipes jouent en effet un basket totalement différent.

“Ma haine des Knicks a encore grandi. Tout le monde sait à quel point je les détestais quand je jouais pour les Celtics, mais je pense que c’est encore plus fort aujourd’hui. Il est temps pour les Nets de prendre le contrôle de la ville” Paul Pierce

Deux teams, deux styles

 « Brooklyn we go hard » rappait déjà Jay Hova en 2008. Ce refrain connu de tout amateur de Hip-Hop se respectant montre la réalité du terrain. S’il est vrai que l’endroit se boboïse, BK reste un arrondissement connu pour ses quartiers peu recommandables (Bedford Stuyvesant notamment). Le rachat d’une partie des Nets par le rappeur à contribué à renforcer le caractère street de la franchise. Enfin, pour couronner le tout, le roster des Nets ressemble à s’y méprendre à une véritable équipe de barfighters (coucou Garnett): entre le rebondeur acharné qu’est Reggie Evans, le tough player qu’est Pierce et bien sur le plus grand Trash Talker encore en activité, j’ai nommé KG, l’équipe de Brooklyn va surement infliger quelques bleus à leurs adversaires la saison prochaine.

En face, les Knicks. Si ce serait faire un faux procès que de dire que les orange et bleu jouent un basket soft, on peut tout de même affirmer que le style de jeu n’est pas aussi dur que celui que laissent prévoir les joueurs de Nets. C’est d’abord une équipe d’artilleurs à 3 points. En avril, ils battent le record NBA du nombre de 3 points en une saison (846 tirs primés). De plus, les new-yorkais ont une fâcheuse tendance à beaucoup jouer la stratégie du Hero Ball dans le money time, délaissant le collectif pour mettre le destin de l’équipe entre les mains de Carmelo.

Ce sont donc deux styles de basket qui s’affrontent, et cet antagonisme pourrait bien déboucher sur une rivalité de fait. On peut y voir une ressemblance avec le conflit Lakers/Celtics des années 1980: Le contraste entre les deux franchises était assez similaire puisque les Lakers symbolisaient un basket divertissant et assez spectaculaire, quand les C’s se targuaient d’une réputation de rough players de l’Indiana, par opposition au jeu propre et brillant de Los Angeles. C’est donc une situation assez comparable, une opposition de jeu entre styles antagonistes qui s’annonce comme un des grand spectacle de la saison à venir.