Detlef Schrempf : ich bin ein NBAer

Le 07 sept. 2013 à 11:45 par David Carroz

Detlef Schrempf, précurseur européen en NBA

Séries cultes, joueurs de légende, rivalités exacerbées, parcours atypiques… Régulièrement, une histoire sur la NBA pour briller en société. Alors profitons de cette période creuse et sans match pour nous cultiver un peu.

Aujourd’hui, place à un Allemand drafté par les Dallas Mavericks, qui fût considéré longtemps comme le meilleur joueur européen à évoluer en NBA. Avant que son compatriote Dirk Nowitzki mène cette même franchise au titre suprême, Detlef Schrempf a fait parti de ces pionniers du vieux continent venus conquérir la grande ligue avant l’internationalisation que nous lui connaissons. Retour sur le parcours de « Det’ TheThreat ».

Tout commence à Leverkusen, Allemagne en janvier 1963. Est-ce que Detlef est né avec sa coupe en brosse style commandant Guile? Le mystère reste entier. C’est donc en Rhénanie du Nord que Schrempf débute le basket, avant d’exporter très jeune son talent dans l’état de Washington, à 17 ans. Il intègre la Centralia High School dans le cadre d’un échange, pour améliorer son anglais et son basket, avant de rentrer au pays pour continuer ses études et sa carrière chez les Teutons. Mais il ne reviendra jamais puisqu’après cette année, il décroche une bourse de 4 ans dans la fac de Washington en 1981. Lors de sa saison senior, en 84/85, il tourne à 15,8 points, 8 rebonds et 4,2 passes. Avec une excellente adresse aux tirs, 55,8% ! Il est présenté comme le nouveau Larry Bird. Un peu osé, certes, mais cela reflète le jeu complet de l’Allemand. Il est alors choisi en 8ème position de la draft 1985 par Dallas.

Il va connaître alors des premières saisons difficiles au sein des Mavs. Remplaçant, il ne dépasse pas les 9,3 points de moyenne. Son transfert à Indiana début 1989 va-t-il enfin lancer sa carrière ? Le coach des Pacers de l’époque s’étant opposé à sa venue, il est possible d’en douter. Surtout que le vrai niveau de Schrempf reste une énigme à cette époque. Il arrive donc au milieu des Reggie Miller, Chuck Person, Rik Smits ou Scott Skiles pour citer les plus connus. Mais Indiana est à la dérive, ce qui va peut être permettre à Schrempf de s’affirmer dans cet effectif.

En 1990-91, les Pacers réussissent à accrocher les playoffs avec un bilan équilibré (41-41) et Detlef devient un des joueurs les plus populaires de l’effectif grâce à sa polyvalence et son éthique de travail. Il est désormais la 3ème option offensive de la franchise derrière Reggie Miller et Chuck Person, tournant à plus de 16 points par match, 8 rebonds et 3,5 passes décisives.

« C’est l’un des joueurs les plus complets que j’ai jamais côtoyés » Reggie Miller.

En 1993, alors que Schrempf est le seul joueur de la ligue dans le top 25 pour les points (19,1), rebonds (9,5) et passes décisives (6), il est transféré à Seattle. Avant cela, il a été élu 2 fois consécutives meilleur 6ème homme de la ligue en 1991 et 1992. Il a également participé au All Star Game 1993, étant le premier joueur européen à connaître cet honneur. Il sait tout faire sur le terrain et quasiment jouer à tous les postes. Plus rapide qu’un 4, plus costaud qu’un 3 (2m08 pour 106kg), il profite de ces avantages pour être intenable en 1 contre 1. De plus, son adresse à 3 points lui permet également d’écarter les défenses. Son jeu est très américanisé.

« Je n’ai pas le même parcours que les autres joueurs venus du vieux continent. J’ai fait mon lycée ici, puis l’université. Pour passer directement de l’Europe à la NBA, il y a une période d’adaptation très difficile et pas seulement pour le basket. Tout est très différent de ce que les Européens connaissent. J’ai vécu ici tellement longtemps que je me suis adapté et que j’ai appris toutes les ficelles du jeu US » explique Detlef Schrempf

À l’image de l’Allemand, les Sonics sont une franchise en pleine progression, avec une défaite en 7 matchs en 1993 en finale de conférence face aux Suns de Barkley. Mais l’ambiance n’est pas à la camaraderie dans l’équipe coachée par George Karl.

« On m’avait tout dit sur les joueurs mais tant que tu n’as pas vécu tout ça de l’intérieur, tu ne peux pas comprendre. Seattle a un jeu basé sur la rapidité. Pour que l’équipe soit au top, le coach a doublé tous les postes. Forcément, chacun se dit qu’il peut avoir plus de temps de jeu que son partenaire. La tension est permanente… » Detlef Schrempf

Cela débouche forcément sur de grosses déconvenues collectives. En 1994, alors que les Sonics présentent le meilleur bilan de la ligue, ils se font sortir au premier tour par Denver. En 1995, ils sont éliminés au premier tour face aux Lakers qui présentaient un moins bon bilan que Seattle. Cependant, Schrempf est élu dans la All NBA 3rd Team, aux côtés de Drexler, Miller, Rodman et Olajuwon.

En 1996, les Sonics ont enfin mûri et atteignent les NBA Finals. Malheureusement, la meilleure équipe NBA de l’histoire se dresse devant eux et s’impose en 6 matchs, malgré une grosse résistance des coéquipiers de Schrempf. Cette finale est aussi l’occasion d’une certaine forme de passage de témoin entre Schrempf et la nouvelle star européenne de la ligue, Toni Kukoc, dont les jeux et rôles sont très proches. Nous reparlerons prochainement de ce dernier.

Après cet échec -relatif- Schrempf reste 3 saisons supplémentaires à Seattle, dans une équipe qui ne retrouvera plus son niveau alors que l’Allemand continue à apporter une solide contribution (plus de 15 points, 6 rebonds et 3,5 passes). Libéré en 1999, il rejoint à 36 ans l’armada des Blazers (Scottie Pippen, Rasheed Wallace, Bonzi Wells, Damon Stoudamire, Arvydas Sabonis, Jermaine O’Neal…) qui ne réussira jamais à concrétiser les espoirs (et l’argent) placés en eux. Il prend sa retraite en 2001, à 38 ans. Ses stats en carrière : 13,9 points à 49 % aux tirs dont 38% à 3 points, 6,2 rebonds, 3,4 passes en 1136 matchs, la majorité en tant que remplaçant (524 matchs en tant que starter).

À une époque où la NBA était quasiment réservée aux Américains, Detlef Schrempf a su ouvrir la voie pour les Européens en étant un ambassadeur de choix pour le Vieux Continent, de part son niveau de jeu et son attitude irréprochable. Des années avant Nowitzki, il a permis de placer l’Europe et surtout l’Allemagne sur la carte NBA.