[Légendes] Une génération nous quitte (Part 2)

Le 20 juil. 2013 à 18:01 par Alexandre Martin

Après avoir versé une larme hier sur le sort des Jason Kidd, Kobe Bryant, Ray Allen et Steve Nash, intéressons nous aux 4 «Forwards» mythiques qui nous régalent depuis plus de 15 ans et qui vont malheureusement bientôt tirer leurs révérences. The Truth, The Big Ticket, Wunderkid et The Big Fundamental. Quatre surnoms de légende pour quatre joueurs de légende.

Danny Ainge a déclaré récemment que la place des maillots n°5 et n°34, de Kevin Garnett et Paul Pierce, était au plafond du Boston Garden aux côtés de ceux de Larry Bird, Robert Parish, John Havlicek, Kevin McHale ou autres Reggie Lewis et Red Auerbach (22 maillots retirés en tout aux Celtics !!). Ainge a parfaitement raison. La grande maison verte se doit d’honorer ces deux immenses joueurs. Les deux compères ont quitté les Celtics cet été pour rejoindre les Nets et s’offrir une éventuelle chance de remporter une deuxième bague ensemble au sein de cette équipe de Brooklyn très impressionnante sur le papier. Une chance qu’ils n’auraient certainement pas eu dans ce Boston en reconstruction.

Une franchise de Boston à laquelle Paul Pierce a (presque) tout donné. 1102 matchs en 15 saisons sous le maillot du trèfle. Une carrière en 22/6/4 (Points/Rebonds/Passes) avec plusieurs saisons, au milieu des années 2000 où Pierce tenait les Celtics à bout de bras. Une période pendant laquelle il a dû se sentir bien seul mais il n’a jamais baissé les bras, il n’a jamais demandé à quitter le navire. Un vrai Captain, un exemple de fidélité, de détermination et ça a fini par payer en 2008 avec ce titre de champion obtenu aux dépens des Lakers de Kobe Bryant et, en bonus ultime, le MVP des Finales.
Paul Pierce c’est un style de jeu qui lui appartient, un style qu’il a cultivé saison après saison. On a toujours l’impression que Pierce effectue son move au ralenti, qu’il ne va pas vite, que le défenseur va être au rendez-vous mais la technique de The Truth lui permet toujours de finir par marquer que ce soit de près, à mi-distance ou à 3 points.
L’un des meilleurs attaquants de la NBA car il est l’un des meilleurs pour se créer son propre shoot sans écran, sans réel système... Enfin si, le système existe. Il est réduit à sa plus simple expression : «Les gars, on donne la balle à Paulo et tout le monde s’écarte» La suite ? On la connaît tous. Pierce défie son adversaire direct, avance vers lui en dribble, le plus souvent sur sa main droite, il oblige le défenseur à reculer et choisit le moment idéal pour dégainer ce petit tir en step back légèrement «turnaround». On ne compte plus le nombre de fois où Paul Pierce a fait mouche dans cette situation. Pas d’écran donc, pas de crossover ou autres dribbles entre les jambes non plus. Une technique simple, sans fioritures mais une technique parfaitement maîtrisée et d’une efficacité redoutable. A Boston, la vérité est souvent sortie des mains du Capitaine. Très souvent… Le TD Garden en frissonne encore.

Tellement simple mais tellement indéfendable…
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En 2008, Paul Pierce était loin d’être tout seul pour permettre à ses Celtics d’aller chercher le titre. Un certain Kevin Garnett était à ses côtés. Il est clair que, tout de suite, pouvoir s’appuyer en défense comme en attaque sur l’un des meilleurs ailiers forts de l’histoire, ça aide ! En 2007, quand KG part à Boston, il sort de 12 saisons sous le maillot de TimberWolves dont les 9 dernières à au moins 20 points, 10 rebonds et presque 5 passes décisives de moyenne par match !
En 2004, «Da Kid», devenu «Da Man», a été élu MVP de la saison régulière sur une ligne de stats que je qualifierai tout simplement de MONS – TRU – EUSE : 24,2 points, 14 rebonds, 5 passes, 2,2 contres et 1,7 interceptions par match ! Garnett pouvait tout faire sur une terrain : courir, contrer, shooter, dunker, humilier l’adversaire, intercepter, provoquer, galvaniser ses coéquipiers et le public en transmettant cette énergie incroyable qui l’anime depuis qu’il a mis le pied sur les parquets NBA.
Une énergie et un talent qui lui permettent de figurer dans le top 20 de plusieurs classements «All Time» de catégories statistiques majeures : 15ème aux Points (25 274 points), 10ème aux rebonds (13 843 prises) et 18ème aux contres (1970 «Get out of here»). Kevin Garnett est le seul joueur à pouvoir se targuer d’avoir accumulé, en carrière, plus de 25 000 points, 13 000 rebonds, 5 000 passes décisives, 1 500 contres et 1 500 interceptions. Voilà qui vous classe un bonhomme ! Arrivé en NBA, en 1995 à 19 ans et directement depuis le lycée, Kevin Garnett entamera très probablement la dernière saison de sa fabuleuse carrière au mois d’octobre prochain. Profitons en, il n’y aura pas deux «Big Ticket».

Il n’y aura pas non plus deux «Wunderkid». Non il n’y aura probablement pas d’autre joueur de 2m13 capable de fournir une saison à plus 50 % au shoot dont plus 40% derrière l’arc et plus de 90% sur la ligne de lancer franc (2006/07). Une saison au cours de laquelle il tourna à 24,2 points et 9 rebonds par match, ce qui lui valu d’ailleurs d’être élu MVP. Le seul Européen ayant réussi cet exploit à ce jour. Quand on regarde Dirk Nowiztki jouer, une question vient tout de suite à l’esprit : Comment défendre sur un joueur de 2m13 capable de shooter en fadeaway avec prise d’appui sur une seule jambe et ce à 5 voire 6 mètres du cercle ? Une question que beaucoup de défenseurs se sont posés et se posent encore… Comment empêcher ce grand blond – peu athlétique, assez lent et dont la détente n’excède pas les 10 centimètres – de marquer ? La réponse est simple : quand il est en confiance, c’est à dire à peu près tout le temps, c’est impossible !

Le grand Dirk c’est 15 saisons en NBA. Toutes effectuées sous le maillot des Mavericks dont 12 à plus de 21 points par match et jamais à moins de 46% au shoot. On ne devient pas le 17ème meilleur marqueur de l’histoire en saison régulière (25 051 points) et le 16ème marqueur en playoffs (3321 points) par hasard. Pendant les playoffs de 2011, Dirk a écœuré tous ces adversaires tournant à 27,7 points par match à 48,5 % au tir dont un fabuleux 46% à 3 points. De quoi emmener ses Mavericks jusqu’au titre suprême et entrer définitivement dans la légende de ce sport. Tout cela est le fruit de beaucoup de travail (et de beaucoup de talent) pour développer cette technique si atypique mais si exceptionnellement efficace.
Le numéro 41 des Mavs n’a encore «que» 35 ans, il sort d’une saison difficile qu’il a pris en cours de route la faute à une blessure mais il a affirmé vouloir repartir à la chasse au titre. Peut-il encore porter Dallas au sommet de la NBA comme il l’a fait en 2011 ? Pas sûr. Ce qui est sûr en revanche, c’est qu’il a sa place réservée au Panthéon du Basketball. Pas mal pour un joueur au physique de pivot blanc des années 90.

Un Panthéon du Basketball qui accueillera aussi bientôt un autre joueur dont l’empreinte sur la NBA sera absolument indélébile puisqu’il s’agit tout bonnement du meilleur ailier fort de tous les temps. Oui, oui, Tim Duncan est le meilleur ailier fort de l’histoire NBA. Certainement pas le plus «flashy» mais le plus régulier, le plus complet techniquement des deux côtés du terrain, le plus modeste, le meilleur coéquipier, le meilleur grand frère… Celui qui peut détruire votre défense depuis le poste bas ou en jouant le pick and roll. Celui qui peut museler n’importe quel intérieur, celui qui sort souvent le match qu’il faut dans les moments décisifs, celui qui possède les meilleurs fondamentaux jamais vus chez un big man : «The Big Fundamental».

Visez plutôt : En saison régulière, Tim Duncan c’est 23 785 points (22ème All Time), 13 219 rebonds (13ème All Time) et 2652 contres (8ème All Time). Et, en playoffs, les stats de «Dream Tim» se passent de commentaires puisqu’il est tout simplement le contreur le plus prolifique de tous les temps en post season avec 516 tirs renvoyés à l’envoyeur, il est aussi le 3ème meilleur rebondeur (2522 prises) et le 6ème marqueur (4614 points). Il est d’ailleurs le seul joueur, avec Kareem Abdul Jabbar et Shaquille O’Neal a avoir cumulé plus de 4 000 points et plus de 2 000 rebonds en playoffs lors de sa carrière.
Voilà c’est bon, tout est dit. Les stats ne font pas tout mais de temps en temps elle permettent tout de même de se rendre compte de l’impact incroyable d’un joueur. Bien sûr, l’impact de Tim Duncan va bien au delà des chiffres. On parle ici d’un joueur 4 fois champion NBA, 2 fois MVP de la saison, 3 fois MVP des Finales (seuls Magic, Jordan et Shaq ont fait au moins aussi bien), 14 fois All Star, 14 fois All NBA Defensive Team. Un joueur qui, sans s’énerver, sans démonstration intempestive, peut motiver ses coéquipiers, diriger la défense d’une main de maître et détruire le moral de tout adversaire. La classe à l’état pur…

Alors, pour finir, j’ai juste envie de dire: thanks Paulo, thanks Kevin, danke schön Dirk et thanks Timmy. Et j’espère, comme beaucoup d’autres, vous voir encore le plus longtemps possible sur les parquets de la grande ligue. Partez pas trop vite les gars. Laissez nous encore quelques années pour profiter de cette chance que nous avons de vous voir et de vous avoir vu pratiquer le plus beau sport à un tel niveau. Merci pour tout les gars ! L’héritage est si riche que même David Stern ne pourra pas tout prendre…