[Bilan 2012/13] Éclipse de soleil sur Phoenix.

Le 11 juin 2013 à 08:36 par Alexandre Martin

Il y a 20 ans, en 1993, les Suns de Phoenix faisaient peur à l’Ouest et dans toute la ligue. Avec un Charles Barkley MVP, un Kevin Johnson aux jambes de feu, un Dan Majerle en chien de garde de luxe et un Danny Ainge plus sniper que jamais, les Suns allaient pousser les Bulls d’un Michael Jordan surhumain dans leurs derniers retranchements en finales NBA.

A cette époque, l’US Airways Center était une salle où il ne faisait pas bon se déplacer, une salle dans laquelle il était quasiment impossible de prendre moins de 115 points ! S’en suivirent 14 participations aux playoffs sur les 17 saisons suivantes, jusqu’en 2010 et cette finale de conférence perdue face aux Lakers futurs champions. Depuis, c’est le désert… Vous me direz, en Arizona, quoi de plus normal ?

Cette saison, pour la troisième consécutive, Phoenix n’a pas joué les playoffs. Trois années sans post-season, ce n’était plus arrivé depuis 1986/87/88, donc depuis 25 ans ! Il y d’abord eu le départ d’Amar’e Stoudemire pour New York en 2010. On peut penser ce qu’on veut de l’actuel ailier fort des Knicks, qu’il est surpayé ou que ces genoux ne pourront plus jamais suivre le rythme NBA mais il n’en reste pas moins un joueur qui a évolué à un très haut niveau pendant 8 saisons sous le maillot des Suns. Son départ a fait très mal. Stat était le complément idéal d’un génie comme Steve Nash. Leur pick and roll est certainement le plus indéfendable que le NBA ait connu. D’ailleurs, sans véritable système d’attaque, juste une base de pick and roll et une liberté totale laissée à Nash, les Suns sont allés trois fois en finale de conférence (2005, 2006 et 2010).

nash et Stoudemire, un duo létal sur pick and roll

Ensuite, pendant deux saisons, le meneur canadien a tenu l’équipe à bout de bras, jouant le pick and roll avec Marcin Gortat, distribuant les caviars à Jason Richardson ou Vince Carter. Insuffisant pour aller en playoffs. Du coup, le double MVP décide, l’été dernier, de filer chez l’ennemi Angelino. Une trahison dont les fans des Suns ne lui tiennent d’ailleurs pas rigueur tant le joueur a donné pour la franchise.

Plus d’âme, plus de talent.

Ces mêmes fans peuvent, en revanche, en vouloir à leur ancien General Manager, Lance Blanks, qui n’a absolument rien reconstruit pendant les trois saisons écoulées. Aucun bon choix à la draft, aucun échange bien senti. A force de récupérer les joueurs dont les autres équipes ne veulent plus, le roster des Suns ne ressemble plus à rien et vient de finir la saison bon dernier à l’Ouest avec un bilan de 25 victoires pour 57 défaites. Heureusement que le Magic et les Bobcats sont là pour faire pire… Pas surprenant donc que Lance Blanks ait été remercié courant mai pour laisser place au jeune prometteur Ryan McDonough, l’ancien assistant de Danny Ainge aux Celtics.  Au moins, grâce à ce «tanking» de première classe, Phoenix a obtenu le cinquième choix de la prochaine draft.  L’occasion peut-être d’ajouter un jeune talent à cet effectif qui en a bien besoin.

Car aujourd’hui, le meilleur joueur des Suns, en la personne de Goran Dragic, tourne à 14,7 points et 7,5 passes par match pour un PER de 17,7. Pas de quoi sabrer le champagne… Autour, ce n’est pas vraiment le néant mais il n’y a que des joueurs moyens (Wes Johnson, Marcin Gortat, Jared Dudley, Channing Frye ou Luis Scola), irréguliers (Michael Beasley et Shannon Brown) ou trop jeunes pour peser si tenté qu’ils pèsent un jour en nba (les frères Morris ou Kendall Marshall). Le talent manque cruellement. Le supplément d’âme qui est sensé être le point d’appui des équipes plus faibles, manque également. Jermaine O’neal a apporté du mental mais il n’est plus celui qu’il fut à Indiana au début des années 2000, il ne peut plus porter une équipe. Difficile de lui en vouloir.

“Nous manquons de joueurs forts dans leur tête dans cette équipe. Nous sommes faibles mentalement. je dirais que nous avons besoin de plus de talent, plus de joueurs athlétiques et énergiques, des gens qui aiment la compétition et qui veulent se battre. c’est la chose la plus importante.” Marcin Gortat sur Brightsideofthesun.com

Cette inter-saison doit être celle du renouveau pour les Suns. Il faut se débarrasser d’au moins un des deux (voire des deux) inconsistants que sont Beasley et Brown et faire venir un scoreur extérieur régulier. C’est la priorité absolue. Eric Gordon, de la Nouvelle Orleans, avait exprimé son désir de venir en Arizona l’été dernier. Il n’a pas l’air de s’entendre avec Monty Williams. Pourquoi pas lui ? Ensuite, en fonction de ce que la draft apportera (Anthony Bennett pleaaaaase), il sera alors possible de compléter le roster avec quelques joueurs qui seront agents libres. Phoenix a de la place sous le salary cap. De bons rôle players comme Jared Bayless, Tyler Hansbrough, Kevin Martin, Nick Young vont être libres cet été. Les Suns peuvent proposer de bons contrats et du temps de jeu à ce genre de joueur. Paul Millsap ou pourquoi pas Josh Smith pourraient trouver leur compte avec un contrat à la hauteur de leurs espérances. Tous ces joueurs peuvent sans problèmes prétendre faire nettement mieux que les joueurs en place. Ce sera toujours plus agréable à suivre que la bouillie de basket trop souvent aperçue du côté des Suns cette saison.

Coaching douteux.

Un autre point sur lequel les dirigeants ont été obligés de se pencher récemment : le coach. Franchement, Lindsey Hunter ne nous a pas fait rêver quand il foulait les parquets NBA et bien, il ne  nous a pas fait rêver non plus dans sa gestion des rotations ou dans ses choix tactiques en cours de match. Son coaching est tout aussi mauvais que l’était sa qualité de passe. De là à dire qu’un joueur au QI basket moyen ne peut pas devenir un bon coach, il n’y a qu’un pas que je franchirai bien immédiatement… Ryan McDonough et son nouveau patron Robert Sarver ont dû se poser la question. Qui embaucher ? Quel coach va accepter ce défi ?

Pour combien de temps Lindsey Hunter entrainera-t-il encore les Suns ?

Le défi de réveiller une franchise qui a perdu son âme et donc son jeu a finalement été accepté par Jeff Hornacek, un ancien de la maison pour qui ce sera la première expérience en tant que Head Coach. A Phoenix, par tradition, on joue vite, on shoote en première intention, on intercepte, on file en contre attaque… Si un entraîneur veut jouer autrement, pas de problème mais, par pitié, plus de «demi coaching», de la logique dans les rotations et les temps de jeu ! Goran Dragic n’est pas Steve Nash mais il peut jouer le pick and roll, il a la vitesse et le dribble pour ça. Mais pas avec Luis Scola ! L’Argentin est un joueur qui aime recevoir la balle au poste bas. Pourquoi ne pas dessiner des systèmes pour lui ? Ou l’échanger pour un 4 plus mobile si l’entraîneur veut plus faire courir son effectif. Les frères Morris, par exemple, peuvent tous les deux jouer le pick and pop. Ils sont suffisamment costauds pour poser de bons écrans et ont tous deux une belle qualité de shoot, pourtant on a trop souvent vu Phoenix s’en remettre à de l’isolation pour Beasley et ses shoots impossibles plutôt que de construire en attaque. Il semble clair que B-Easy ne fait pas partie des plans du duo McDonough-Hornacek… Un problème : Qui va bien vouloir récupérer le fantasque gaucher ? En défense, Gortat fait du boulot, il peut être assez dissuasif mais il est trop seul. Bref, les problèmes sont multiples, le challenge est énorme.

Apporter du talent dans le roster, espérer que l’entraîneur saura motiver et impliquer ses joueurs afin de retrouver à nouveau la lumière des playoffs. Tel est le défi de Phoenix et de son nouveau General Manager… Le défi des supporters français des Suns sera lui de continuer à regarder les matchs, à 4 heures du matin, tous en surdose de caféine espérant que la tendance s’inverse.  


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