NBA : Coming out, tolérance et questionnement…

Le 01 mai 2013 à 14:21 par Alexandre Martin

«I’m a 34 year old NBA center. I’m black. And I’m gay». Voici les premiers mots de l’interview donnée par Jason Collins et publiée dans Sports Illustrated ce lundi. «Je joue pivot en NBA, j’ai 34 ans. Je suis noir. Et je suis homosexuel».

Pivot ou ailier fort, Jason Collins est en NBA depuis 2001. Il a joué dans dans 6 équipes. Des Nets (alors encore à New Jersey) aux Washington Wizards en passant par les Memphis Grizzlies, les Minnesota Timberwolves, les Atlanta hawks et les Boston Celtics, le jumeau de Jarron Collins n’a jamais été une grande star du basket, juste ce qu’on appelle un «rôle player» voire même un chauffeur de banc.
D’ailleurs, il y a encore quelques jours, Jason Collins n’était connu que des spécialistes de la NBA et de quelques fans avertis. Mais aujourd’hui, le nom de ce joueur est sur toutes les lèvres du monde du sport voire du monde en général. Pourquoi ? Parce qu’il est le premier athlète américain d’un sport collectif majeur à oser déclarer son homosexualité alors qu’il est encore en activité… De grandes stars NBA comme Kobe Bryant ou Tony Parker ont fait des déclarations des twitts pour apporter leur soutien à Collins et signifier leur admiration devant le courage qu’il a du lui falloir pour faire cette révélation publiquement. Même des politiques, comme Barack Obama et Bill Clinton, se sont emparés de «l’affaire», soulignant encore une fois le courage du joueur !

“J’espère vraiment pour Jason Collins que les gens vont respecter sa décision de faire son coming out. Je suis content qu’il puisse désormais être tranquille avec ça et ne plus avoir peur de ce qu’il est” Tony Parker sur Twitter

“Nous le saluons pour son courage et nous le soutenons.[…] Nous considérons qu’il s’agit d’un nouvel exemple des progrès qui ont été effectués et de l’évolution qui se produit dans ce pays.” Jay Carney, le porte-parole de la Maison Blanche.

Ces déclarations doivent faire chaud au cœur de Jason Collins. Voir la plupart de ses illustres collègues basketteurs et le monde politique saluer son coming out de la sorte doit le conforter dans sa décision. En marge de ce coming out, bon nombre de commentaires très “borderline” envers Collins, ou envers les homosexuels en général, ont déferlé sur certains sites internet ou forums dédiés au basket. Des commentaires émanant bien évidemment de personnes, peut-être homophobes, qui ont absolument le droit d’exprimer leur ressenti sur le sujet dans des démocraties telles que la France ou les Etats-Unis.

Alors, posons nous la question. Qu’est ce qui est le plus troublant, le plus choquant dans cette situation ? Est-ce le fait de voir tous ces commentaires nous expliquer qu’un joueur homosexuel n’a rien à faire dans un vestiaire de sport ? Ou bien, est-ce le fait qu’en 2013, un joueur de basket révélant son homosexualité soit immédiatement loué pour son courage ?
Bien sûr, le monde du sport se doit d’être exemplaire en matière de tolérance car, dans un pays comme les USA, la médiatisation à outrance de la NBA fait des stars de ce sport des exemples pour les jeunes voire pour tous les fans quelque soit leur âge. Mais justement, n’est-ce pas également un problème de voir tant de personnalités se sentir obligées de stigmatiser le courage requis pour affirmer son homosexualité ? Est-ce réellement encourageant pour d’autres qui n’oseraient pas se déclarer par peur d’être jugés ?

Le coming out de Jason Collins est donc clairement un grand pas en avant pour la cause gay dans le sport et dans nos sociétés mais les réactions qui l’entourent montrent aussi tout le chemin qu’il nous reste à parcourir pour faire évoluer les mentalités. Le jour où une telle déclaration passera inaperçue, sans commentaires aussi bien insultants qu’élogieux, nous pourrons alors parler d’évolution positive. Nous en sommes encore bien loin…