Melo à jamais dans l’ombre de LeBron ?

Le 28 mars 2013 à 18:13 par Gaetan

Carmelo Anthony doit aujourd’hui être las, las de souffrir la comparaison avec LeBron James. Les deux hommes sont nés la même année, ont été promis à un avenir radieux, et leur destin à jamais lié semble suivre des trajectoires opposées. Retour sur leur histoire.

La première fois que les deux hommes se sont rencontrés, c’était en 2001 à un camp d’entraînement de Team USA pour les jeunes talents. Les deux hommes ont pu côtoyer de nombreux talents cet été là, des joueurs tels que Deron Wiliams, JJ Redick ou Raymond Felton, mais c’est bien leur rencontre qui les a marqués. En rentrant dans l’Ohio, LeBron n’avait plus que Melo en tête :

“Je n’arrêtais pas de dire à mes amis à quel point Carmelo Anthony était fort. À l’époque, je ne savais pas que nous arriverions où nous sommes aujourd’hui. ”

La différence est peut-être déjà là. Reconnaitre le talent de Melo, est d’ailleurs peut-être une des forces qui a poussé LeBron à tout faire pour devenir le meilleur. Les deux jeunes sont talentueux mais Melo a peut-être quelque chose de plus à cette époque là…

Mais c’est pendant la saison qui suit que naîtra l’apogée de leur carrière pré NBA. Les deux équipes de lycée des deux jeunes phénomènes que toute l’Amérique attend se rencontrent. Ce match sera épié puisqu’il s’agit à l’époque de l’opposition entre Carmelo Anthony vu comme le meilleur sénior ( deuxième année) du pays LeBron présenté comme le meilleur junior (première année). Oak Hill, l’équipe de Melo sortira vainqueur et ce malgré que le futur King de la planète basket ait surpassé niveau stats son aîné de quelques mois.

 

Mais voilà, bien que le talent des deux hommes soit déjà vu et reconnu, il n’en reste pas moins que LeBron a déjà une longueur d’avance sur Melo. LeBron est annoncé comme LA future star. La confirmation viendra un an plus tard. Alors que Carmelo Anthony ait amené le titre NCAA à Syracuse et récupéré la récompense de MOP (Most Outstanding Player) du Final Four, LeBron finit sa deuxième année de lycée avec brio. Il montre son talent de basketteur à chaque rencontre et impressionne les scouts des teams NBA. Il fait le show et devient petit à petit une véritable star. Certains de ses matchs venant même à être diffusés sur antenne nationale.

Et c’est peut-être là que la différence se fait. Si Anthony est un joueur impressionannt, très doué, James devient lui l’étoile que tout le monde s’arrache. Il comprend mieux que quiconque la différence entre être LE meilleur et un des meilleurs. C’est peut-être là que se situe la différence entre les deux hommes…

Advient alors la Draft 2003, la fameuse Draft 2003 où sont arrivés dans la ligue de nombreux joueurs de grands talents tels que Chris Bosh, Dwyane Wade ou autres David West.  Malgré son succès dans la ligue universitaire, il apparaît normal que LeBron soit first pick qui plus est à Cleveland dans l’Ohio. Anthony ne sera que troisième choix de la draft sélectionné par Denver, juste derrière Darko Milicic. L’écart entre les deux hommes naît ici dans leur carrière NBA et ne cessera sans doute jamais de s’accroître.

L’heure de faire ses preuves a désormais sonné. Les cloches retentissent, les deux hommes entrent dans la grande ligue. Il ne faut pas longtemps aux deux talents pour se faire aux joutes de la NBA. Leur première saison est très convaincante pour deux rookies, Melo emmène les Nuggets en playoffs avec un bilan en saison régulière de 43 victoires pour 39 défaites avec des stats plus que respectables de 21 points et 6,1 rebonds de moyenne par match. Mais LeBron est encore là pour voler la vedette. Certes, il ne disputera pas les playoffs, cependant il est l’attraction dès sa première saison. Il présente des stats hors du commun pour un rookie avec 20,9 points, 5,5 rebonds et 5,9 assists à 42,6% de moyenne. Il s’en suit que la supériorité de LeBron est affirmée par ses pairs, il est élu Rookie de l’année 2003-2004.

 

La confrontation entre les deux hommes est souvent attendue, épiée. Tout est fait pour qu’une rivalité naisse. Melo gagne souvent les oppositions mais chaque année LeBron fait un peu plus le buzz et récupère les lauriers, les honneurs. Il est le number One alors que Melo est seulement vu comme un très bon joueur, un formidable attaquant. Considéré comme une des toutes meilleures armes offensives de la ligue avec une panoplie de munitions que très peu sont capables d’égaler il est tout de même sans cesse surclassé par le King.

Jusque là, pas de grandes différences entre les deux hommes, si ce n’est peut être que LeBron semble être plus complet. Rien de concret jusqu’à présent en tout cas. Alors regardons désormais ce qui compte réellement, ce qui fait la différence entre les bons voire très bons joueurs de basket et les joueurs exceptionnels, j’ai nommé les playoffs. C’est souvent là que se font les plus grandes différences. Tant que vous n’avez pas de titres, vous n’êtes que très rarement reconnu, ou du moins vous ne serez jamais le plus grand. Et dans tous ces domaines, LeBron surpasse Melo.

C’est sans doute que l’écart se creuse véritablement. Certes Anthony a participé chaque année aux playoffs depuis son arrivée en NBA mais ses équipes n’ont dépassé le premier tour qu’à une seule reprise. Pendant la saison 2008-2009, Carmelo emmène les Nuggets en finale de conférence où ils sont défaits par les Lakers futurs champions. Mais c’est là son seul fait d’arme…

De son côté LeBron a été bien plus heureux en playoffs. Mettons à part les playoffs de la saison dernière. LeBron avant son succès final avait atteint les finales à deux reprises, et les finales de conférence trois fois avec Cleveland. La différence qui n’avait été que pressentie jusqu’alors se faisait de plus en plus criante chaque saison, chaque année où le King emmenait son équipe plus loin, beaucoup plus loin que Melo qui peinait chaque saison à élever son équipe au niveau requis pendant le mois d’avril. Mais il manquait alors le titre, le titre qui pourrait enfin départager les deux hommes.

Alors que les deux hommes ont quitté leur club respectif lors de départs mouvementés et contestés, chacun se retrouve à la tête d’un Big Three, LeBron à Miami et Melo à New York. Il y a deux saisons de cela, LeBron emmène le Heat en finale et perd face à Dallas alors que Melo ne passe pas, une nouvelle fois le premier tour. C’est la saison dernière que nous avons eu droit au choc tant attendu.

 

Une rencontre au meilleur des sept manches pour enfin savoir qui est le meilleur.   Le problème alors est que le Heat bien rôdé, trop bien rôdé pour des Knicks dont la saison chaotique ne peut être rattrapée sur une série de 7 matchs. Les espoirs disparaissent bien vite quand la bande à LeBron en vient à gagner les trois premiers matchs, surclassant des Knicks trop fébriles. Melo n’est pas mauvais pendant cette série mais comme souvent son équipe joue mal dans les grands rendez-vous et New York ne soutient aucunement la comparaison. New York sauve l’honneur pendant le match 4 et évite ainsi le sweep mais ce n’est qu’une histoire de temps puisqu’ils sont finalement battus lors du match 5, ainsi éliminés des playoffs.

La suite, on la connaît. Miami est en chemin pour le titre où ils viendront à bout successivement des Pacers, des Celtics et du Thunder. LeBron tient finalement son succès, son premier alors que Melo ne permet pas une nouvelle fois à son équipe de passer le premier tour…

Et si sur le plan collectif Anthony n’a pas connu la même réussite que LeBron, il en est de même d’un point de vue des récompenses individuelles. En carrière, James a une meilleure moyenne de points, de rebonds, de passes, et de contres par match et un meilleur pourcentage au shoot que Anthony. LeBron en est déjà à trois titres de MVP, Melo aucun, il a trois sélections de plus au All-Star Game, il s’est retrouvé à six reprises dans la All-NBA First Team et trois fois dans la All-Defensive First Team, Melo jamais.

Finalement, Melo est un looser, le looser par excellence même. Il n’a gagné (que) deux titres olympiques avec Team USA, mais en NBA, son palmarès reste vierge et immaculé. Et tant qu’il en restera ainsi, il ne pourra se sortir de l’ombre imposante que lui impose depuis de (trop) longues années le King.

Mais aujourd’hui, Melo commence à vieillir, il ne lui reste pas 50 opportunités de se défaire de son étiquette de formidable talent toujours perdant. Il devra affronter et surpasser le King pour sortir de l’ombre et rejoindre la lumière. Cette lumière des projecteurs qui ont longtemps fait feu sur lui mais qu’il ne méritera qu’un jour où il aura une bague au doigt. Pas le genre de bague qui à un goût de Cheerios aux amandes et au miel si vous voyez ce que je veux dire, une vraie bague de champion. C’est avec SON équipe des Knicks qu’il devra le faire, redonner le goût à la victoire aux new yorkais qui n’ont plus connu de titre depuis 1973.