Pivot NBA, espèce en voie de disparition

Le 01 févr. 2013 à 21:41 par Cyrille

Alors que nous nous rapprochons doucement mais surement du All Star Weekend, le moment est venu de faire un point sur l’un des faits marquants de cet évènement, à savoir la suppression du poste de pivot pour les sélections au All Star Game. Si le fait de regrouper pivots et ailiers dans une seule et même catégorie a fait couler beaucoup d’encre, il est intéressant de remarquer que cela symbolise avant tout la toute puissance du basket moderne dans lequel il n’est pas forcément nécessaire de posséder un big man dominant pour espérer remporter un titre de champion.

Créée à la fin des années 40, la NBA a longtemps été marquée par la domination de ces grands garçons aux mensurations exceptionnelles. Nous avons tous en tête quelques noms de pivots devenus légendes après avoir contribué aux heures glorieuses de leurs franchises respectives, à l’image de Bill Walton, Kareem Abdul-Jabbar et Moses Malone. Des joueurs comme George Mikan, Bill Russell et Wilt Chamberlain ont été parmi les premiers big men à marquer de leurs empreintes l’histoire de la ligue et ont largement contribué à la médiatisation de ce sport que nous chérissons tant. Véritables colosses en comparaison avec les autres joueurs, ces pivots se servaient avant tout de leur physique surpuissant pour fixer les défenses adverses et jouer dos au panier. D’autres grands noms viendront confirmer le fait que pour bâtir une équipe susceptible de jouer les premiers rôles, il était obligatoire de posséder dans son effectif un pivot de qualité. On pense notamment à Hakeem Olajuwon, David Robinson et l’inévitable Shaquille O’Neal, qui sont parmi les derniers à avoir représenté le jeu du pivot traditionnel.

La principale révolution qu’a connue ce poste au cours des dernières années est sans aucun doute le physique du joueur à proprement parler. Les pivots patauds et handicapés par leurs corps volumineux ont en effet laissé place à des pivots bien plus athlétiques, influence du small ball oblige. Ils sont désormais bien plus mobiles sur le terrain, et à l’image de Tyson Chandler ou de DeAndre Jordan, les pivots modernes sont capables d’accompagner les contre-attaques pour bien souvent finir l’action avec un dunk ravageur. Si jadis il était quasiment impossible de donner la balle à un pivot en pleine course, les meneurs de jeu actuels n’hésitent pas à envoyer des passes à leur big men dans ce genre de situations. Rares sont ceux qui jouent encore dos au panier et nul doute que l’influence européenne y est pour quelque chose. Capables de s’écarter de la raquette pour shooter en périphérie, les pivots modernes se doivent de posséder une panoplie complète en attaque, d’autant plus que les règles NBA permettent de nos jours aux défenses adverses de limiter le jeu en isolation dos au panier. Brook Lopez, pivot des Nets de Brooklyn, en est l’illustration parfaite. Pas forcément à l’aise quand il s’agit de se frotter dans la raquette à son adversaire direct pour finir une action, il est en revanche bien plus efficace dans ses tirs extérieurs.

Autre fait marquant de cette révolution, la capacité à créer du jeu pour les autres. Arvydas Sabonis, pivot légendaire des Blazers de Portland, fut à l’époque le pionnier de cette nouvelle espèce de joueurs que l’on appelle pivot-passeur. Malgré ses 2,20 mètres et 140 kilos (je vous laisse imaginer la taille de ses mains), il impressionnait de par sa capacité à effectuer des passes décisives aussi précises que celles d’un meneur de jeu. Marc Gasol de Memphis, et surtout notre français Joakim Noah ont aujourd’hui repris le flambeau laissé par le géant lituanien. Le pivot des Chicago Bulls avait même rebaptisé son poste en « point center » à l’issue de son second triple double en carrière contre les Celtics de Boston le 18 décembre dernier (11 points, 13 rebonds et 10 passes décisives).

Vous l’aurez compris, le poste de pivot a connu de profondes modifications au cours des dernières années, notamment dans le rôle que ces big men doivent occuper en attaque. Dans une ligue où de plus en plus de postes 4 sont décalés au poste 5 en raison des besoins de l’équipe (exemples de Chris Bosh à Miami et de Kevin Garnett à Boston), rares sont ceux que l’on pourrait qualifier de pivot à l’ancienne. Tim Duncan, qui a longtemps joué poste 4 aux côtés de l’Amiral David Robinson, est encore le seul pivot avec un jeu dos au panier digne de ce nom. Et ce n’est pas Roy Hibbert ni même Dwight Howard qui pourront dire le contraire. Le pivot des Lakers de Los Angeles s’était d’ailleurs fait remarquer en début de saison en apparaissant dans une vidéo parodie censée sensibiliser le public à la disparition de son espèce.

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