Luol Deng : All you need is Deng !

Le 09 nov. 2012 à 22:43 par Bastien Fontanieu

All You Need is Deng! “Pam Padabadam” reprendront certains en pensant au fameux morceau des Beatles (remixé lyriquement, bien évidemment). Entre le Soudan et l’Angleterre, l’Egypte et les Etats-Unis, le grand Luol a parcouru un long chemin pour arriver où il en est aujourd’hui. Entrée gratuite dans le monde attachant d’un athlète qui force le respect et l’admiration. Story.

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Nous sommes en 1985, au Soudan. La famille Deng vient de s’agrandir avec l’arrivée du petit Luol Ajou, faisant partie de la tribu des Dinka. Malheureusement, la Seconde Guerre Civile éclate dans le pays et la famille doit partir; c’est le père du petit garçon Aldo, membre du Parlement Soudanais, qui permet à sa famille d’échapper aux massacres de cette guerre (1.9 millions de morts) : direction l’Egypte. Là-bas, Luol et ses 8 frères et soeurs vivent dans des conditions très difficiles, sa mère étant seule vu que le père a été arrêté et emprisonné. Un appartement pour neuf, à peine cinq ans, Luol décide de s’évader dans le basket. Ses grands frères ont appris à jouer et ces derniers le laissent taper la balle à l’âge de huit ans devant les grands, quand ils y pensent. Heureusement, un homme se cache derrière cette famille meurtrie, il s’agit du légendaire Manute Bol, un Dinka lui aussi. Le géant pivot NBA rencontre la famille Deng à leur arrivée en Egypte et décide de briefer tous les garçons à la balle orange. Le jeune Luol y passe aussi, l’intéressé parlera souvent ensuite de l’importance qu’a eu Manute dans sa vie, et le garçon travaille jours et nuits sur ses fondamentaux en pensant à son père emprisonné. Puis, c’est la délivrance. Aldo est libéré du Soudan et obtient un asile politique en Angleterre : direction Londres!

C’est à-partir de cet évènement que Luol Deng va vivre une vie beaucoup plus stable. Dans un quartier aisé de Londres, le pré-adolescent continue de fréquenter les playgrounds mais aussi désormais la pelouse verte du soccer. Fan d’Arsenal, le grand garçon (par la taille et pour son âge) est tout le temps demandé en premier pour faire les équipes de football à l’école, mais son Anglais parlé est trop faible, il doit donc plus travailler dessus. Luol penche entre football et basketball, mais sa croissance fulgurante le poussera définitivement vers le basket. Invité dans l’équipe d’Angleterre des 15 ans et moins dans les deux sports à seulement douze ans(!), il épate les spectateurs par la maturité de son jeu et fait déjà figure de phénomène. Le compte de fée se poursuit avec les qualifications pour l’Euro Juniors de Basketball, où le jeunot repart avec 40 points et 14 rebonds de moyenne, le trophée de MVP, et les 13 ans sur les bougies! La suite n’est que similaire vu que les qualifications passées donnent droit au petit Deng de continuer son festival: 34 points de moyenne et le Trophée de MVP du Tournoi Européen de Basket Junior. C’est à ce moment-là qu’un scout Américain lui proposera une bourse « basket » pour étudier dans le New Jersey : direction Blair Academy.

« J’ai débarqué là tout seul à 14 ans seulement. Au début, j’avais souvent le cafard de ne pas pouvoir voir ma famille, mais j’étais déterminé à ne pas gâcher l’opportunité qui m’avait été offerte. Je vérifiais bien si je travaillais plus que tout le monde. Si tu viens d’Angleterre, tu peux pas être aussi bon que les Américains, tu dois être meilleur qu’eux! Je me réveillais à 6h tous les matins pour travailler mon basket et l’école, pour faire des études parfaites. »

A 17 ans, Luol reçoit enfin un signe de son travail sportif intense en étant nommé second meilleur prospect des Etats-Unis (23 points, 10 rebonds et 6 assists de moyenne) derrière…LeBron James. Le roi d’Ohio part pour l’aventure NBA l’année suivante (ROY 2004), chose que refusera Luol ne se sentant pas prêt à y aller. Il reçoit tous les jours des appels d’Universités pour lui proposer de jouer pour eux, et le jeune Deng prend son temps en finissant par pointer du doigt la mythique école de Duke. Sur place, l’intéressé finit son programme de travail avec de bonnes notes et réalise une saison satisfaisante entre les mains de Mike Krzyzewski avec la qualification pour le Final Four (Okafor et Gordon triomphent) et des statistiques intéressantes (15.1 points en 30 minutes de jeu): direction NBA!

La Draft voit Deng être choisi en 9ème position par les Suns, directement envoyé aux Bulls. Libération totale pour Luol, qui hésitait à continuer dans le basket ou plutôt retourner vers sa famille à Londres. Rapidement, le rookie prend ses aises dans le dispositif « new school » développé par le Staff de Chicago en étant bien accompagné par Chris Duhon et Ben Gordon. Une blessure importante au poignet droit ne ralentira que très peu mister Deng, qui fera partie de la NBA All-Rookie First Team en permettant au club de Michael Jordan de raccrocher les PlayOffs, période oubliée depuis le départ de Sa Majesté en 1998.
La saison sophomore confirme tout le bien que l’on pensait du garçon, gros bosseur et perfectionniste au quotidien, ses 14.3 points et 6.6 rebonds mènent les Bulls de nouveau en PO, un séjour qui se terminera malheureusement un peu trop tôt face au Heat de Dwyane Wade, futur champion 2006. Déçu des résultats collectifs, Luol décidera de travailler d’arrache-pied chaque été afin de revenir encore plus fort la saison suivante. Et après quelques saisons de frustrations, Chicago obtiendra le jackpot avec les arrivées successives de Joakim Noah et Derrick Rose. Dans l’ombre, comme à son habitude, Luol continuera à apporter ses points, sa défense, son exemplarité, laissant à Rose la joie des spots publicitaires et de la gloire médiatique. Ajou n’en a cure, son bonheur il le trouve dans la victoire. Et cette saison, sans Rose blessé au genou, beaucoup l’attendent au tournant. Qu’en sera-t-il juste après une saison 2012 exemplaire, All Star, tout en étant blessé au poignet, et en représentant sa nation aux Jeux Olympiques?

Sergent modèle pour beaucoup, l’Anglais a développé au fil des années un répertoire magnifique sur le terrain, tant en défense qu’en attaque. Shooteur intérieur de renommée, le numéro 9 des Bulls peut aussi bien aller chercher les points dans la raquette, et revenir en défense pour y jouer un des cinq postes nécessaires: Luol se dévoue pour le collectif, et ses partenaires vous le confirmeront. Il est l’exemple type du joueur dont chaque équipe championne a besoin pour réaliser le travail de l’ombre, sans broncher. On espère seulement que le rythme que Luol s’impose ne lui jouera pas des tours, au risque de rejoindre Derrick sur le banc des oubliés, et laisser par la même occasion un certain numéro 6 floridien triompher. Again.

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